JEUDI SAINT SOLENNITÉ
DE LA CÈNE DU SEIGNEUR
Frères et sœurs,
en ce premier jour du Triduum Pascal, nous n’aurons pas l’occasion de célébrer
ensemble la sainte messe à cause de la pandémie du coronavirus qui nous oblige
à observer une distance de sécurité. Cette situation nous fait expérimenter une
nouvelle manière de vivre notre foi dans le monde. En ce Jeudi Saint, je désire
être proche de vous tous dans mes pensées et mes prières et je vous invite à
méditer avec moi la parole de Dieu que l’Église nous propose aujourd’hui pour
la célébration de la cène du Seigneur.
Mes chers
amis, l’épître de Saint Paul aux Corinthiens et le passage d’Évangile de Saint
Jean que nous lisons ce soir, nous relatent les gestes et les paroles de Jésus
lors du dernier repas qu’il prit avec ses apôtres. C’est un moment
particulièrement important car Jésus sait que «l’heure est venue pour lui de
passer de ce monde à son Père». Il sait que ce sont les derniers moments qu’il
passe avec ses apôtres avant d’être arrêté et condamné à mort. Lorsque une
personne sait qu’elle va mourir, c’est le moment où elle laisse à ses proches
ses dernières volontés mais souvent aussi un testament spirituel. C’est un
moment où on ne multiplie pas les discours, on dit l’essentiel, ce qui est
vraiment vital pour ceux qui restent. C’est ce que fait Jésus durant ce dernier
repas qu’il prend avec ses apôtres, ceux qu’il a choisis et qui l’ont suivi
pendant trois ans, qui ont écouté ses enseignements et qui ont été témoins des
signes qu’il a posés en annonçant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Ce
soir-là, son testament spirituel se traduit par deux paroles accompagnées de
gestes particulièrement forts qui nous sont relatés, d’une part par Saint Paul
dans sa première lettre aux Corinthiens avec ce qu’on appelle la sainte cène;
et d’autre part, avec le lavement des pieds dans l’Évangile selon Saint Jean.
Le premier
signe est donc cette parole étonnante du Christ qui partage le pain et le vin
avec ses disciples. Cet extrait de la première lettre de Saint Paul aux
Corinthiens est le texte le plus ancien que nous ayons de l’institution de l’Eucharistie
puisque il précède la rédaction des Évangiles. Saint Paul nous rappelle dans
quelles conditions doit être célébré le repas Pascal des chrétiens. Son message
a été écrit pour des chrétiens qui étaient divisés par des jalousies et des
mesquineries. Avant de célébrer l’Eucharistie, il faut en sortir car ces
disputes sont en contradiction avec la messe. Sans la charité, la communion
n’est qu’une hypocrisie. Comprenons bien : chaque fois que nous mangeons
ce pain et que nous buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur
jusqu’à ce qu’il vienne. C’est à dire qu’à chaque Eucharistie, le Christ se
donne à nous. Il nous manifeste son amour et sa miséricorde. Il nous aime
“jusqu’au bout”. Cet amour que nous recevons du Christ doit aussi nous unir les
uns aux autres. Le Seigneur ne nous abandonne pas, même dans cette période
difficile où notre communauté observe « un jeûne eucharistique » et
vit sans célébration liturgique.
Le deuxième
signe que Jésus nous donne est le lavement des pieds relaté par Saint Jean dans
l’Évangile. Le lavement des pieds était un geste d’hospitalité qui se
pratiquait d’une manière habituelle dans le monde du Moyen Orient. Ce service
était normalement accompli par un esclave. Ici, c’est, Jésus, celui qu’on
appelle «Maître et Seigneur» qui se met à genoux devant ses disciples pour leur
laver les pieds. Les disciples n’ont certainement pas compris sur le coup. Ce
que Jésus nous demande, et que Pierre a eu du mal à accepter, c’est de nous
laisser aimer par lui. Jésus se donne jusqu’au bout à ses disciples par amour.
Il lave les pieds de Judas qui va le trahir, il lave les pieds de Pierre qui va
le renier, il lave les pieds des disciples qui vont l’abandonner devant
l’épreuve et à l’approche de la mort. Quand Jésus eut fini de laver les pieds
de ses disciples, il leur dit: « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous
ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux
autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous
aussi, comme j’ai fait pour vous ». Autrement dit vous avez à être les
serviteurs les uns des autres. Vous devez vous mettre au service les uns des
autres et non pas rechercher les premières places ou les honneurs. Cette
dimension du service, de l’attention aux autres, est au cœur de la vie
chrétienne.
On ne peut
pas être chrétien sans suivre le Christ sur ce chemin du service des autres et
du don de soi. Un chemin qui se manifeste très concrètement dans les
engagements que nous prenons pour la vie et dans les relations quotidiennes que
nous entretenons avec les autres. Nous avons de nombreux exemples de chrétiens
et chrétiennes qui se dévouent sans bruit au service des malades, des pauvres,
des exclus, des plus faibles et des plus démunis. Que le Seigneur nous aide à
suivre son exemple, à nous engager derrière lui et à faire de nous des
serviteurs les uns des autres, pour la gloire de son nom. Amen.
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