jeudi 9 avril 2020

Père Constant Kinanga : méditons la Parole de ce Jeudi Saint


JEUDI SAINT SOLENNITÉ DE LA CÈNE DU SEIGNEUR


Frères et sœurs, en ce premier jour du Triduum Pascal, nous n’aurons pas l’occasion de célébrer ensemble la sainte messe à cause de la pandémie du coronavirus qui nous oblige à observer une distance de sécurité. Cette situation nous fait expérimenter une nouvelle manière de vivre notre foi dans le monde. En ce Jeudi Saint, je désire être proche de vous tous dans mes pensées et mes prières et je vous invite à méditer avec moi la parole de Dieu que l’Église nous propose aujourd’hui pour la célébration de la cène du Seigneur.

Mes chers amis, l’épître de Saint Paul aux Corinthiens et le passage d’Évangile de Saint Jean que nous lisons ce soir, nous relatent les gestes et les paroles de Jésus lors du dernier repas qu’il prit avec ses apôtres. C’est un moment particulièrement important car Jésus sait que «l’heure est venue pour lui de passer de ce monde à son Père». Il sait que ce sont les derniers moments qu’il passe avec ses apôtres avant d’être arrêté et condamné à mort. Lorsque une personne sait qu’elle va mourir, c’est le moment où elle laisse à ses proches ses dernières volontés mais souvent aussi un testament spirituel. C’est un moment où on ne multiplie pas les discours, on dit l’essentiel, ce qui est vraiment vital pour ceux qui restent. C’est ce que fait Jésus durant ce dernier repas qu’il prend avec ses apôtres, ceux qu’il a choisis et qui l’ont suivi pendant trois ans, qui ont écouté ses enseignements et qui ont été témoins des signes qu’il a posés en annonçant la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Ce soir-là, son testament spirituel se traduit par deux paroles accompagnées de gestes particulièrement forts qui nous sont relatés, d’une part par Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens avec ce qu’on appelle la sainte cène; et d’autre part, avec le lavement des pieds dans l’Évangile selon Saint Jean.

Le premier signe est donc cette parole étonnante du Christ qui partage le pain et le vin avec ses disciples. Cet extrait de la première lettre de Saint Paul aux Corinthiens est le texte le plus ancien que nous ayons de l’institution de l’Eucharistie puisque il précède la rédaction des Évangiles. Saint Paul nous rappelle dans quelles conditions doit être célébré le repas Pascal des chrétiens. Son message a été écrit pour des chrétiens qui étaient divisés par des jalousies et des mesquineries. Avant de célébrer l’Eucharistie, il faut en sortir car ces disputes sont en contradiction avec la messe. Sans la charité, la communion n’est qu’une hypocrisie. Comprenons bien : chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à cette coupe, nous proclamons la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. C’est à dire qu’à chaque Eucharistie, le Christ se donne à nous. Il nous manifeste son amour et sa miséricorde. Il nous aime “jusqu’au bout”. Cet amour que nous recevons du Christ doit aussi nous unir les uns aux autres. Le Seigneur ne nous abandonne pas, même dans cette période difficile où notre communauté observe « un jeûne eucharistique » et vit sans célébration liturgique.

Le deuxième signe que Jésus nous donne est le lavement des pieds relaté par Saint Jean dans l’Évangile. Le lavement des pieds était un geste d’hospitalité qui se pratiquait d’une manière habituelle dans le monde du Moyen Orient. Ce service était normalement accompli par un esclave. Ici, c’est, Jésus, celui qu’on appelle «Maître et Seigneur» qui se met à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds. Les disciples n’ont certainement pas compris sur le coup. Ce que Jésus nous demande, et que Pierre a eu du mal à accepter, c’est de nous laisser aimer par lui. Jésus se donne jusqu’au bout à ses disciples par amour. Il lave les pieds de Judas qui va le trahir, il lave les pieds de Pierre qui va le renier, il lave les pieds des disciples qui vont l’abandonner devant l’épreuve et à l’approche de la mort. Quand Jésus eut fini de laver les pieds de ses disciples, il leur dit: « Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». Autrement dit vous avez à être les serviteurs les uns des autres. Vous devez vous mettre au service les uns des autres et non pas rechercher les premières places ou les honneurs. Cette dimension du service, de l’attention aux autres, est au cœur de la vie chrétienne.

On ne peut pas être chrétien sans suivre le Christ sur ce chemin du service des autres et du don de soi. Un chemin qui se manifeste très concrètement dans les engagements que nous prenons pour la vie et dans les relations quotidiennes que nous entretenons avec les autres. Nous avons de nombreux exemples de chrétiens et chrétiennes qui se dévouent sans bruit au service des malades, des pauvres, des exclus, des plus faibles et des plus démunis. Que le Seigneur nous aide à suivre son exemple, à nous engager derrière lui et à faire de nous des serviteurs les uns des autres, pour la gloire de son nom. Amen.

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