lundi 5 avril 2021

Père Gilbert Brun : commentaire de l'Evangile selon St Jean 20, 1-9

 Jour de Pâques

Cette nuit, nous avons déjà entonné le cri de notre joie : Christ est ressuscité. Ce matin, maintenant que le jour s’est levé nous célébrons encore le relèvement du Fils à l’appel du Père. La nuit était sans témoin. L’aube amène le défilé des vivants ordinaires, les premiers témoins, Marie de Magdala, Pierre et l’autre disciple. Ils accourent, mais ils ne verront pas pour autant le mystère de la nuit. Rien ne leur montrera l’énigme à jamais cachée où la vie du Fils de l’Homme trouve son origine, où notre vie humaine trouve sa naissance première. Nous célébrons une réalité qui échappe à notre expérience et nous dépasse de toutes parts.

Il nous faut donc relire avec la plus grande attention les récits de l’évangile qui nous présente la foi en sa naissance, qui nous racontent comment ces témoins, chacun à leur manière nous tracent le chemin de l’expérience humaine qui mène à la vie.

Ce dimanche, l’évangile de la résurrection nous invite à prendre tour à tour la place de Marie, celle de Pierre et à venir enfin en ce lieu du troisième témoin : « Il vit et il crut ». L’expérience du disciple Jean est si semblable à la nôtre : comme lui, nous avons sous les yeux les signes de l’absence du ressuscité et les Ecritures qui nous ont été transmises et qui permettent que l’heure venue, selon le rythme de chacun, elles nous donneront de réentendre la parole de vie du Père.  Ces signes sont bien faibles aux yeux du monde : ces signes que sont les Ecritures n’ont aucune puissance démonstrative, mais nous avons appris qu’ensemble il faut les « déplier » comme le suaire roulé dans le tombeau vide pour que nous puissions entendre la Parole : « Selon l’Ecriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts ».

La résurrection de Jésus nous rappelle que rien n’est jamais fini pour Dieu. Même la mort peut être passage. Les trois disciples ont compris qu’un tombeau ne pouvait pas enfermer la force d’aimer que Jésus a manifesté par toute sa vie.

                                                                   P. Gilbert Brun

4 avril 2021

samedi 3 avril 2021

Sr Odile : un texte de Sr Véronique Margron, La vie avant la mort

La vie avant la mort – Edito RCF – 27 mars 2021

Présentée par Sr. Véronique Margron

Dimanche des Rameaux. Entrée dans cette semaine qui ne fait série avec aucune autre.

Semaine de fondation, de socle, de sol.

Je relis cette parole de Sylvie Germain dans « Quatre actes de présence » : « Existe-t-il une vie avant la mort ? » s'interroge-t-elle.

Au seuil de la semaine sainte 2021, si particulière après un an de pandémie, cette parole prend singulièrement chair.

 Existe-t-il une vie avant la mort ? Sommes-nous, aujourd’hui, des vivants ? 

Là est sûrement le bon ordre de la question, plus que celle de la vie après la mort, peut-être. Mais bien la vie avant la mort. Quels sont nos empêchements de vie, notre carence de vie ?

Entendre cette question en cette semaine où le Vivant va vivre. Vivre en aimant à la folie.

En ces jours, Jésus détourne un rite d’accueil, comme se laver les mains avant le repas, pour s’agenouiller aux pieds de ses amis. Et, là, proclamer cette parole incroyable : « Si donc moi qui suis le Maître, je vous lave les pieds…, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ».

Il se dépouille de tous les ornements de gloire (le vêtement qu’il portait lors de son entrée à Jérusalem sur l’ânon) ; plus encore, il se dénude pour incarner l’homme de tous les commencements, l’homme renouvelé, l’homme vivant pour d’autres. Pour nous mettre debout.

Au vendredi c’est ce Très vivant qui sera crucifié. Car pour supprimer le vivant, il faut le clouer, aux pieds comme aux mains. L’empêcher de marcher, de se faire compagnon de tous, d’aller au-devant de ceux qui ne peuvent s’approcher, d’endurer la poussière, celle-là même dont nous sommes faits, autant que du souffle divin. Lier les mains, celles qui relèvent, qui partagent, qui touchent, qui travaillent, qui offrent.

Mais les clous ne pourront retenir le Vivant et tout va s’accomplir, car « Voici l’Homme ».

Au samedi cet Homme-là descend justement dans nos lieux sans vie. Dans ce qui est enseveli en nous, dans nos cloaques, dans les enfers du monde ; ils sont nombreux. Dans les entrailles des humanités fracassées des victimes d’abus, d’agressions, de mensonge, de trop d’isolement, de souffrance. 

Dans ce grand silence sur la terre, des profondeurs du mal, Jésus sort vivant pour nous tirer avec lui.

Vers l’avenir.

Autrement que prévue.

Voilà ce qu’est cette semaine comme nos vies et le temps que nous vivons.

Autrement que prévue par celles et ceux qui accompagnaient et aimaient Jésus, comme par ceux qui voulurent et organisèrent sa mort.

Peut-être est-ce parce qu’elle est autrement que prévue que cette semaine se propose de nous embarquer avec elle, tel que nous sommes. Avec nos doutes et nos lassitudes. Nos chagrins et nos frêles espoirs.

Le Christ en ces temps nous ouvre ses bras, dans son endurance sans faille à aimer autant que sa vulnérabilité extrême.

Confions-nous alors à l’Ami, le Vivant. Afin qu’il prenne en son don nos empêchements de vivre et nous rende, maintenant, vivants avec lui.