A l’écoute de la Parole pour le dimanche de Pâques
Il fait encore sombre sur
Jérusalem. Ce n’est pas la lumière du jour nouveau qui vient percer la nuit de
la mort, ce sont des pas qui courent sur les pavés. Marie-Madeleine, puis
Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, tous les trois courent à
perdre haleine. Ils cherchent le corps de leur Maître, mais ils ne le trouvent
pas… La résurrection de Jésus a eu lieu sans témoins ; comme les autres
évangélistes, saint Jean a préservé le mystère de l’intervention de Dieu. Jésus
apparaîtra un peu plus tard à Marie-Madeleine, quand Pierre et son compagnon
seront retournés chez eux. Eux-mêmes ne feront cette bouleversante rencontre
que plus tard encore. Pour l’heure, tout ce que l’on peut dire, c’est que le
supplicié a disparu. Les linges, l’ordre dans lequel ils sont disposés,
attestent que son corps n’a pas été volé ; ils sont à la place où le
défunt les portait. Tout cela fait signe, mais adhérer pleinement à la
résurrection de Jésus demande de faire un passage. L’évangéliste Jean l’a
traduit par deux verbes : VOIR et CROIRE. Marie-Madeleine VOIT que la
pierre a été enlevée du tombeau ; Pierre VOIT le linceul et le linge qui
avait recouvert la tête ; l’autre disciple, celui qui seul avait eu la
force d’être présent au pied de la croix, entre dans la tombe : il VOIT et
il CROIT. Toute la progression du récit, savamment orchestré par l’évangéliste,
est au service de cette ultime perception. Parce que voir ne suffit pas. La
foi, c’est oser franchir le pas, au-delà du vide et de l’absence, au-delà des
signes. La foi naît de l’amour et de la fidélité.
Seigneur ressuscité, en ce matin de
Pâques, notre cœur est rempli de joie, la joie d’avoir fait nous aussi ce
passage, nous qui pourtant n’avons jamais vu ta tombe ouverte, la joie de
croire que tu es vivant ! Toute vie a désormais un sens, une issue, malgré
toutes les apparences ou les désespérances. Et elles sont si nombreuses et si
prégnantes en ce temps d’épidémie. Toute vie naît à la Vie, notre vie de
confiné, notre vie de malade, notre vie d’isolé, notre vie d’endeuillé, notre
vie bouleversée et remplie d’inquiétudes pour l’avenir.
C’est Pâques et tu es vivant !
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