vendredi 27 novembre 2020

Reprise des messes pour ce premier weekend de l'Avent

 30, c'est difficile à gérer...

 

Comme nous doublons les messes à 18h le samedi et à 10h30 le dimanche, nous comptons sur la bonne répartition des paroissiens sur les deux lieux.

Il faudra peut-être prévoir de venir un peu en avance pour éventuellement aller d'une église à l'autre, si l'une est "pleine"...

Nous faisons un test cette semaine et en tirerons des conclusions pour les messes à venir.

Espérant que cette solution sera la bonne...


jeudi 19 novembre 2020

Des nouvelles de la Claire Maison

Tenir

Ensemble


 

Dimanche 15 novembre, les Sœurs St Joseph de la Claire Maison se sont rassemblées pour une journée autour du thème « Tenir Ensemble ».

 

Parmi les activités, une a consisté à ce que chacune d’entre elles s’exprime sur les lettres du mot TENIR :

 





Newsletter n° 52 : Quelle est la place pour notre prière ?


Vivre ensemble l’AVENT 2020

« Et le verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous » Jn 1, 14

1.     Liminaire

Et le verbe s’est fait chair … et Il fit de nous des frères è Fraternité

Et Il a habité parmi nous … Dieu s’est fait homme pour vivre avec nous, comme nous, notre condition humaine dans TOUTES ses dimensions  è Solidarité

Il est né enfant dans une crèche, dans la simplicité et la vulnérabilité. Il a passé sa vie publique à prier, à guérir, à inviter à aimer, à témoigner que la vie est plus forte que la mort.

Inlassablement, Il a indiqué à notre humanité les chemins de l’amour de Dieu pour chacune et chacun de nous. Il nous a invités à aimer notre prochain, ceux qui nous sont « proches » mais aussi ceux que nous ne savons pas aimer.

Ses chemins passent tous par la fraternité et la solidarité.

Et si … nous puisions en Jésus Christ cette force d’amour sans laquelle nous ne pourrions être pleinement frères, pleinement solidaires.

Et si … nous prenions le temps de l’Avent comme un temps qui nous est offert pour éclairer ces temps d’incertitudes, de violences, de séparations, de confinement plus ou moins bien vécu, de solitudes, de souffrances … Éclairer ces temps difficiles, par nos prières, par notre présence aux plus démunis, par une attention aux proches et aux moins proches par des témoignages d’affection, d’amour, d’amitié, de volonté de réconciliation parfois … Créer du lien.

Bref offrir ce que nous avons de meilleur à ceux qui en ont besoin.

Cette invitation à être au monde, à porter un message d’espérance et d’amour pourrait être notre fil directeur pendant l’Avent pour se préparer à Noël.  Apprendre à devenir « Tous frères » comme le Pape François nous appelle dans sa lettre encyclique « Fratelli tutti ». Sa lecture - en PJ - pourrait aussi nous inspirer. Nous vous invitons à lire particulièrement les paragraphes 80 et 81

2.     Oui, mais COMMENT ?

Prendre régulièrement, humblement, un temps de prière sous la forme qui nous correspond le mieux. Seul, en couple, en communauté, en famille … Prier pour demander au Seigneur d’ouvrir nos yeux, nos cœurs, nos mains afin de trouver notre manière d’être fraternels et solidaires, notre manière d’agir vraiment. Il n’est pas nécessaire de faire de grandes choses. Si nous sommes nombreux à faire de toutes petites choses, chacun à sa mesure, nous ferons communauté. Nous serons ainsi concrètement en marche vers Noël.

3.     Des supports vidéos sur le YouTube de la paroisse, pour tenir ensemble

Il est prévu de produire 2 à 3 montages « Témoignages/Action de grâce/Parole de Dieu » rendant compte de ce que nous serons parvenus à faire comme actions de fraternité/solidarité, voire même de nos difficultés à les faire.

Ces espaces sont ouverts au plus grand nombre, dans notre diversité d’âge et de sensibilités, dans notre proximité plus ou moins grande avec l’Église.

L’objectif étant, dans la simplicité, d’impliquer les personnes de bonne volonté, de partager nos expériences, de s’inspirer mutuellement, de renforcer notre action et notre amitié, de montrer qu’il est possible de devenir encore plus « ouvriers de paix et bâtisseurs d’amour ».

4.     Conseil pour participer à la réalisation d’une vidéo

·       Objectif visé : une vidéo de 15 - 20 min. maxi

·       Contenu : des témoignages de solidarité vécue, un partage sur un texte de l’Avent qui nous a touché, des photos, des chants, des actions de grâce … è Offrir ce que l’on vit

·       Esprit  : Faire s’exprimer des femmes, des hommes, des enfants, mixer les âges, les conditions de vie (célibataires, mariés, religieux, prêtres …), personnes porteuses d’un handicap … è Privilégier la parole des personnes qui ont bénéficié des actions de fraternité/solidarité

Restons généreux et simple dans ce que nous proposons. Préférons ce qui vient du cœur à la réalisation d’œuvres qui se voudraient « parfaites »/exhaustives è Beauté naturelle des chants, des visages

Que chacune et chacun se sente appelé, accueilli, et trouve sa place et, comme le dit le Pape François au paragraphe 81 « … Je ne dis plus que j’ai des « prochains » que je dois aider, mais plutôt que je me sens appelé à devenir un prochain pour les autres »

·       Organisation  :

1.     Contacter Frédéric Cornille ou Joseph Sabbagh pour partager votre idée et voir comment elle pourra être intégrée et quand 

2.     Filmer directement avec vos smartphones ou faites-le avec quelqu’un qui sait le faire

3.     Envoyer vos contributions par mail ou sur WhatsApp à la personne que vous aurez contactée  

 5.     L’équipe de l’EAP vous dit Merci

D’avance merci pour tout ce que nous aurons réalisé grâce et avec vous.

D’autres initiatives jalonneront ce temps d’ici Noël :

·       Une vidéo qui nous a fait prier en lieu et place de la messe des familles, le samedi 7/11/20 (disponible jusqu’au 22/11/20)

·       Une vidéo pour la fête du Christ Roi le dimanche 22/11/20

·       Une vidéo pour une veillée de prière le mardi 08/12/20

·       Une initiative d’appels par des paroissiens volontaires pour créer du lien avec des personnes isolées

·       Église ouverte les jours de marché, ainsi que les samedis à Saint Maurice et dimanches à Saint Roch de 17h à 18h30 en présence du P. Éric Mouterde

·       … et d’autres initiatives qui renforceront la vie paroissiale et la fraternité 

N’hésitez pas à solliciter l’un ou l’autre des membres de l’EAP pour contribuer à l’une ou l’autre des actions proposées.

Sr. BLAISON Michèle - 06 19 77 77 39 - blaisonmichele@gmail.com

BOURGAREL Florence - 07 86 41 93 59 - flo.bourgarel@gmail.com

DEFÉLIX Chantal - 06 60 12 74 90 - chantal.defelix@orange.fr

JEANJEAN François - 06 72 90 47 79 - francois.jeanjean@free.fr

P. MOUTERDE Éric - e.mouterde@lyon.catholique.fr

SABBAGH Joseph - 06 82 85 66 17 - joseph.sabbagh@co-naissances.com

ou le secrétariat : Nathalie GIRY – paroisse.francheville@orange.fr

mardi 17 novembre 2020

Bulletin paroissial paru le 13 novembre 2020

Retrouvez le bulletin paroissial en cliquant sur bulletin du 13 novembre 2020 

Lettre du pape François pour la 4e journée mondiale des pauvres

 MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS

4ème JOURNÉE MONDIALE DES PAUVRES

15 novembre 2020, 33ème dimanche du Temps Ordinaire

« Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32)

« Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32). La sagesse antique a fait de ces mots comme un code sacré à suivre dans la vie. Ils résonnent encore aujourd’hui, avec tout leur poids de signification, pour nous aider, nous aussi, à concentrer notre regard sur l’essentiel et à surmonter les barrières de l’indifférence. La pauvreté prend toujours des visages différents qui demandent une attention à chaque condition particulière : dans chacune d’elles, nous pouvons rencontrer le Seigneur Jésus qui a révélé sa présence dans ses frères les plus faibles (cf. Mt 25, 40).

1. Prenons entre les mains le texte du Livre de Ben Sira, un des livres de l’Ancien Testament. Nous y trouvons les paroles d’un maître de sagesse qui a vécu environ deux cents ans avant le Christ. Il était en recherche de la sagesse, celle qui rend les hommes meilleurs et capables de scruter à fond les événements de la vie. Il le faisait à un moment de dure épreuve pour le peuple d’Israël, un temps de douleur, de deuil et de misère, à cause de la domination de puissances étrangères. Étant un homme de grande foi, enraciné dans les traditions des pères, sa première pensée était de s’adresser à Dieu pour lui demander le don de la sagesse. Et l’aide du Seigneur ne lui manqua pas.

Dès les premières pages, le Livre de Ben Sira donne des conseils sur de nombreuses situations concrètes de la vie, et la pauvreté en est une. Il insiste sur le fait que, dans le besoin, il faut avoir confiance en Dieu : «Ne t’agite pas à l’heure de l’adversité. Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé dans tes derniers jours. Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta pauvre vie, sois patient ; car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu par le creuset de l’humiliation. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie foi en lui. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance. Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous écartez pas du chemin, de peur de tomber. » (2, 2-7).

2. Page après page, nous découvrons un précieux recueil de suggestions sur la façon d’agir à la lumière d’une relation intime avec Dieu, créateur et amant de sa création, juste et providentiel envers tous ses enfants. La référence constante à Dieu, cependant, n’empêche pas de regarder l’homme concret, bien au contraire, les deux choses sont étroitement liées.

Ceci est clairement démontré par l’extrait biblique dont le titre de ce Message est tiré (cf. 7, 29-36). La prière à Dieu et la solidarité avec les pauvres et les souffrants sont inséparables. Pour célébrer un culte qui soit agréable au Seigneur, il est nécessaire de reconnaître que toute personne, même la plus indigente et la plus méprisée, porte l’image de Dieu imprimée en elle. De cette attention découle le don de la bénédiction divine, attirée par la générosité pratiquée à l’égard du pauvre. Par conséquent, le temps consacré à la prière ne peut jamais devenir un alibi pour négliger le prochain en difficulté. Le contraire est vrai : la bénédiction du Seigneur descend sur nous et la prière atteint son but quand elles sont accompagnées par le service aux pauvres.

3. Cet antique enseignement est combien actuel pour chacun de nous ! En effet, la parole de Dieu dépasse l’espace, le temps, les religions et les cultures. La générosité qui soutient le faible, console l’affligé, apaise les souffrances, restitue la dignité à ceux qui en sont privés, est en fait la condition d’une vie pleinement humaine. Le choix de consacrer une attention aux pauvres, à leurs nombreux et divers besoins, ne peut être conditionné seulement par le temps disponible ou par des intérêts privés, ni par des projets pastoraux ou sociaux désincarnés. On ne peut étouffer la force de la grâce de Dieu par la tendance narcissique de toujours se mettre à la première place.

Avoir le regard tourné vers le pauvre est difficile, mais plus que jamais nécessaire pour donner à notre vie personnelle et sociale la bonne direction. Il ne s’agit pas d’exprimer beaucoup de paroles, mais plutôt d’engager concrètement la vie, animée par la charité divine. Chaque année, avec la Journée Mondiale des Pauvres, je reviens sur cette réalité fondamentale pour la vie de l’Église, parce que les pauvres sont et seront toujours avec nous (cf. Jn 12, 8) pour nous aider à accueillir la présence du Christ dans l’espace du quotidien.

4. Chaque rencontre avec une personne en situation de pauvreté nous provoque et nous interroge. Comment pouvons-nous contribuer à éliminer ou, du moins, à soulager sa marginalisation et sa souffrance? Comment pouvons-nous l’aider dans sa pauvreté spirituelle ? La communauté chrétienne est appelée à s’impliquer dans cette expérience de partage, sachant qu’il ne lui est pas permis de la déléguer à qui que ce soit. Et pour être un soutien aux pauvres, il est fondamental de vivre personnellement la pauvreté évangélique. Nous ne pouvons pas nous sentir "bien" quand un membre de la famille humaine est relégué dans les coulisses et devient une ombre. Le cri silencieux des nombreux pauvres doit trouver le peuple de Dieu en première ligne, toujours et partout, afin de leur donner une voix, de les défendre et de se solidariser avec eux devant tant d’hypocrisie et devant tant de promesses non tenues, pour les inviter à participer à la vie de la communauté.

Il est vrai que l’Église n’a pas de solutions globales à proposer, mais elle offre, avec la grâce du Christ, son témoignage et ses gestes de partage. Elle se sent en outre le devoir de présenter les instances de ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre. Rappeler à tous la grande valeur du bien commun est, pour le peuple chrétien, un engagement de vie qui se réalise dans la tentative de n’oublier aucun de ceux dont l’humanité est violée dans ses besoins fondamentaux.

5. Tendre la main fait découvrir, avant tout à celui qui le fait, qu’existe en nous la capacité d’accomplir des gestes qui donnent un sens à la vie. Que de mains tendues pouvons-nous voir tous les jours ! Malheureusement, il arrive de plus en plus souvent que la hâte entraîne dans un tourbillon d'indifférence, au point que l'on ne sait plus reconnaître tout le bien qui se fait quotidiennement, en silence et avec grande générosité. C’est souvent lorsque surviennent des événements qui bouleversent le cours de notre vie que nos yeux deviennent capables de voir la bonté des saints "de la porte d’à côté", « de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu » (Exhort. ap. Gaudete et Exultate, n. 7), mais dont personne ne parle. Les mauvaises nouvelles abondent sur les pages des journaux, sur les sites internet et sur les écrans de télévision, au point de laisser croire que le mal règne en maître. Pourtant il n’en est pas ainsi. Certes, la méchanceté et la violence, l’abus et la corruption ne manquent pas, mais la vie est tissée d’actes de respect et de générosité qui, non seulement compensent le mal, mais poussent à aller au-delà et à être remplis d’espérance.

6. Tendre la main est un signe : un signe qui rappelle immédiatement la proximité, la solidarité, l’amour. En ces mois où le monde entier a été submergé par un virus qui a apporté douleur et mort, détresse et égarement, combien de mains tendues nous avons pu voir ! La main tendue du médecin qui se soucie de chaque patient en essayant de trouver le bon remède. La main tendue de l’infirmière et de l’infirmier qui, bien au-delà de leurs horaires de travail, sont restés pour soigner les malades. La main tendue de ceux qui travaillent dans l’administration et procurent les moyens de sauver le plus de vies possibles. La main tendue du pharmacien exposé à tant de demandes dans un contact risqué avec les gens. La main tendue du prêtre qui bénit avec le déchirement au cœur. La main tendue du bénévole qui secourt ceux qui vivent dans la rue et qui, en plus de ne pas avoir un toit, n’ont rien à manger. La main tendue des hommes et des femmes qui travaillent pour offrir des services essentiels et la sécurité. Et combien d’autres mains tendues que nous pourrions décrire jusqu’à en composer une litanie des œuvres de bien. Toutes ces mains ont défié la contagion et la peur pour apporter soutien et consolation.

7. Cette pandémie est arrivée à l’improviste et nous a pris au dépourvu, laissant un grand sentiment de désorientation et d’impuissance. Cependant, la main tendue aux pauvres ne vient pas à l’improviste. Elle témoigne de la manière dont on se prépare à reconnaître le pauvre afin de le soutenir dans les temps de nécessité. On n’improvise pas les instruments de miséricorde. Un entraînement quotidien est nécessaire, à partir d’une prise de conscience que nous, les premiers, avons combien besoin d’une main tendue vers nous.

Ce moment que nous vivons a mis en crise beaucoup de certitudes. Nous nous sentons plus pauvres et plus faibles parce que nous avons fait l’expérience de la limite et de la restriction de la liberté. La perte du travail, des relations affectives les plus chères, comme l’absence des relations interpersonnelles habituelles, a tout d’un coup ouvert des horizons que nous n’étions plus habitués à observer. Nos richesses spirituelles et matérielles ont été remises en question et nous avons découvert que nous avions peur. Enfermés dans le silence de nos maisons, nous avons redécouvert l’importance de la simplicité et d’avoir le regard fixé sur l’essentiel. Nous avons mûri l’exigence d’une nouvelle fraternité, capable d’entraide et d’estime réciproque. C’est un temps favorable pour « reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde […]. Depuis trop longtemps, déjà, nous avons été dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. […] Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement d’une vraie culture de protection de l’environnement » (Lett. enc. Laudato Si’, n. 229). En somme, les graves crises économiques, financières et politiques ne cesseront pas tant que nous laisserons en état de veille la responsabilité que chacun doit sentir envers le prochain et chaque personne.

8. « Tends la main au pauvre », est donc une invitation à la responsabilité comme engagement direct de quiconque se sent participant du même sort. C’est une incitation à prendre en charge le poids des plus faibles, comme le rappelle saint Paul : « Mettez-vous, par amour au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (…) Portez les fardeaux des uns les autres » (Ga 5,13-14 ; 6,2). L’Apôtre enseigne que la liberté qui nous a été donnée par la mort et la résurrection de Jésus Christ est pour chacun de nous une responsabilité pour se mettre au service des autres, surtout des plus faibles. Il ne s’agit pas d’une exhortation facultative, mais d’une condition de l’authenticité de la foi que nous professons.

Le Livre de Ben Sira vient une fois de plus à notre aide : il suggère des actions concrètes pour soutenir les plus faibles et il utilise également quelques images suggestives. Tout d’abord, il prend en considération la faiblesse de ceux qui sont tristes : « Ne te détourne pas ceux qui pleurent » (7, 34). La période de la pandémie nous a obligés à un isolement forcé, nous empêchant même de pouvoir consoler et d’être près d’amis et de connaissances affligés par la perte de leurs proches. Et l’auteur sacré affirme encore : « N’hésite pas à visiter un malade » (7, 35). Nous avons fait l’expérience de l’impossibilité d’être aux côtés de ceux qui souffrent, et en même temps, nous avons pris conscience de la fragilité de notre existence. En somme, la Parole de Dieu ne nous laisse jamais tranquilles, elle continue à nous stimuler au bien.

9. « Tends la main au pauvre » fait ressortir, par contraste, l’attitude de ceux qui tiennent leurs mains dans leurs poches et ne se laissent pas émouvoir par la pauvreté, dont ils sont souvent complices. L’indifférence et le cynisme sont leur nourriture quotidienne. Quelle différence par rapport aux mains généreuses que nous avons décrites! Il y a, en effet, des mains tendues qui touchent rapidement le clavier d’un ordinateur pour déplacer des sommes d’argent d’une partie du monde à l’autre, décrétant la richesse des oligarchies et la misère de multitudes ou la faillite de nations entières. Il y a des mains tendues pour accumuler de l’argent par la vente d’armes que d’autres mains, même celles d’enfants, utiliseront pour semer la mort et la pauvreté. Il y a des mains tendues qui, dans l’ombre, échangent des doses de mort pour s’enrichir et vivre dans le luxe et le désordre éphémère. Il y a des mains tendues qui, en sous-main, échangent des faveurs illégales contre un gain facile et corrompu. Et il y a aussi des mains tendues de ceux qui, dans l’hypocrisie bienveillante, portent des lois qu’eux-mêmes n’observent pas.

Dans ce panorama, « les exclus continuent à attendre. Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort.» (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 54). Nous ne pourrons pas être heureux tant que ces mains qui sèment la mort ne seront pas transformées en instruments de justice et de paix pour le monde entier.

10. « Quoi que tu fasses, souviens-toi que ta vie a une fin » (Si 7, 36). C’est l’expression par laquelle le Livre de Ben Sira conclut sa réflexion. Le texte se prête à une double interprétation. La première fait ressortir que nous devons toujours garder à l’esprit la fin de notre existence. Se souvenir du destin commun peut aider à mener une vie sous le signe de l’attention à ceux qui sont les plus pauvres et qui n’ont pas eu les mêmes possibilités que nous. Il y a aussi une deuxième interprétation, qui souligne plutôt le but vers lequel chacun tend. C’est la fin de notre vie qui demande un projet à réaliser et un chemin à accomplir sans se lasser. Or, le but de chacune de nos actions ne peut être autre que l’amour. Tel est le but vers lequel nous nous dirigeons, et rien ne doit nous en détourner. Cet amour est partage, dévouement et service, mais il commence par la découverte que nous sommes les premiers aimés et éveillés à l’amour. Cette fin apparaît au moment où l’enfant rencontre le sourire de sa mère et se sent aimé par le fait même d’exister. Même un sourire que nous partageons avec le pauvre est source d’amour et permet de vivre dans la joie. Que la main tendue, alors, puisse toujours s’enrichir du sourire de celui qui ne fait pas peser sa présence et l’aide qu’il offre, mais ne se réjouit que de vivre à la manière des disciples du Christ.

Que sur ce chemin quotidien de rencontre avec les pauvres nous accompagne la Mère de Dieu, qui plus que tout autre est la Mère des pauvres. La Vierge Marie connaît de près les difficultés et les souffrances de ceux qui sont marginalisés, parce qu’elle-même s’est trouvée à donner naissance au Fils de Dieu dans une étable. Sous la menace d’Hérode, avec Joseph son époux et l’Enfant Jésus, ils se sont enfuis dans un autre pays, et la condition de réfugié a marqué, pendant quelques années, la Sainte Famille. Puisse la prière à la Mère des pauvres rassembler ses enfants favoris et tous ceux qui les servent au nom du Christ. Que la prière transforme la main tendue en une étreinte de partage et de fraternité retrouvée.

Donné à Rome, Saint Jean du Latran, le 13 juin 2020, mémoire liturgique de saint Antoine de Padoue, huitième année de mon Pontificat.

François

Chantal Defélix : Dieu est-il ce que nous croyons ? série 2 vidéo 2


 

Chantal Defélix : Dieu est-il ce que nous croyons ? série 2 vidéo 1

 


Temps de lecture et commentaire de la Parole du 33e dimanche du temps ordinaire - année A


 

NEWSLETTER N° 51 : Soyons des artisans de paix


mercredi 11 novembre 2020

Une prière de Sainte Teresa de Calcutta (mère Teresa) en écho à l'Évangile de dimanche dernier

 

Ne vous imaginez pas que l'Amour, pour être vrai, doit être extraordinaire.

Ce dont on a besoin, c'est de continuer à aimer.

Comment une lampe brille-t-elle, si ce n'est pas par l'apport continuel de petites gouttes d'huile ?

Qu'il n'y ait plus de gouttes d'huile, il n'y aura plus de lumière, et l'époux dira : « Je ne te connais pas ».

Mes Amis, que sont ces gouttes d'huile dans nos lampes ?

Elles sont les petites choses de la vie de tous les jours : la joie, la générosité, les petites paroles de bonté, l'humilité et la patience, simplement aussi une pensée pour les autres, notre manière de faire silence, d'écouter, de regarder, de pardonner, de parler et d'agir. Voilà les véritables gouttes d'Amour qui font brûler toute une vie d'une vive flamme.

Ne cherchez donc pas Jésus au loin ; Il n'est pas que là-bas, il est en vous.

Entretenez bien la lampe et vous Le verrez.

Amen.

samedi 7 novembre 2020

Temps de prière des familles : Gardons allumée la lampe de notre cœur !


 

Bravos et mercis pour ce très beau temps de prière et pour le montage vidéo de très grande qualité.

A bientôt...

Frédéric

 

Bravo à ceux qui ont préparé et animé la prière d’hier soir.

Jocelyne

 

Merci aux enfants, aux catéchistes, aux auteurs de la vidéo et au Père Éric pour ce moment de prière auquel Bernadette et moi, au béguinage St-Damien, avons pu communier, autour d'une lumière allumée pour l'occasion.

Que la lumière de l'espérance éclaire votre semaine,

Christine

 

Merci de relayer et mettre en page toutes ces nouvelles et la précieuse participation des enfants du KT.

Merci au confinement qui nous encourage à l'innovation et à sortir de nos habitudes... Un regret cependant : beaucoup de personnes n'ont pas internet et ne peuvent profiter de ces "petites perles paroissiales".

Pour les autres qui ne reçoivent pas ce lien, j'essaie de transmettre.

Bon dimanche en famille

Fraternellement,

Odile

 

Excellent

Bravo Nathalie, Chantal et tous ceux qui ont participé !

Merci à tous et belle semaine avec la lampe allumée !

Père Éric

 

Merci pour ce beau temps de prière de samedi soir !

Nous avons beaucoup aimé les mots des enfants et leur lampe allumée !

La participation de ces enfants, des catéchistes, de Blandine et Isabelle sont très appréciés !

Le montage était très beau également, merci au technicien !

Bonne semaine à tous

Florence

 

Bonjour,

Je voulais vous remercier pour ce temps et la qualité de la vidéo pour ce temps de prière partagée.

Nous avons prié avec vous avec un petit décalage et cela a été un bon temps en famille. Le contenu était bien adapté aux enfants qui y ont apporté une grande attention : J'ai même eu droit à des rappels de l'homélie d'Éric ce matin lors d'un jeu de société !!!

Je vous souhaite un bon dimanche et à bientôt !

François

 

Bonsoir Chantal,

A travers toi un merci pour les catéchistes qui ont préparé ce temps de prière.

Bravo pour la présentation agréable à l’écran et pour les voix multiples en écho à la phrase du jour « Gardons allumée la lumière de notre cœur »

Merci d’avoir rallumé le désir et l’attente qui sont au cœur de chaque humain et que notre espérance tienne dans la durée.

Fraternellement

Gilbert

 

Merci pour ce beau temps de prière partagé avec notre communauté paroissiale. C'est précieux en ces temps de confinement.

Et puis c'est une belle réalisation, bravo à chacun pour ses talents !

Belle semaine, à la lumière de nos lampes 🕯

Céline

 

La vidéo était super. Merci. Blandine


Bravo et merci pour le temps de prière des familles, merci aux enfants et aux adultes qui les ont accompagnés. Un vent de fraicheur et de foi qui nous entraine loin du quotidien maussade environnant. Merci aussi à notre curé pour sa participation.

Nous restons en union de prière avec vous tous.

Monique et Laurent


vendredi 6 novembre 2020

NEWSLETTER N° 50 : Gardons du lien les uns avec les autres

 


newsletter n° 50

Nathalie GIRY : extrait du journal du confinement d'Eric-Emmanuel SCHMITT (vu sur Facebook)

SIXIÈME JOUR : LE CONFINEMENT PHILOSOPHIQUE.

Le confinement libère des angoisses, des peurs : on craint pour sa santé, celle des proches, on s’interroge sur le sens de sa vie, on redoute de ne plus pouvoir assurer sa subsistance, on dresse un bilan de ses forces et de ses fragilités. C’est pénible, mais c’est peut-être aussi utile. Profitons-en pour transformer cette épreuve en expérience philosophique.

Mon penseur préféré, Blaise Pascal, disait que « “tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre”. Sortir nous occupe et nous enrichit, car la rencontre du monde, de la nature, des gens nous fournit une nourriture fondamentale. Cependant cela nous détourne aussi d’autres aventures, plus intérieures, cela nous empêche peut-être de cerner nos gouffres, puis de trouver un pont pour les surmonter.

Profitons de cette obligation pour nous passer au crible. Quelle valeur importe ? Laquelle n’importe pas ? En quoi consiste mon intervention sur terre ? Que puis-je apporter à autrui ? Que puis-je en attendre ? Utilisons cet épisode à distinguer l’essentiel de l’accidentel.

Il y a quelque chose à gagner dans ce confinement forcé si l’on ose s’affronter à soi-même. Cela peut passer par de la colère, de la douleur, de la sidération, de l’effroi, mais l’on se porte toujours mieux de voir plus clair.

Moi qui n’aime rien tant que la lumière, dans l’obscurité de ma chambre, je fais des exercices de clarté.

Eric-Emmanuel SCHMITT


mardi 3 novembre 2020

Sr Odile : invitation à lire la lettre du Pape François sur l'Europe

 LETTRE DU PAPE FRANÇOIS SUR L'EUROPE

 

Nous publions ci-après la lettre du Saint-Père au Cardinal Secrétaire d’État à l’occasion du 40° anniversaire de la Commission des Épiscopats de l’Union Européenne (COMECE), du 50° anniversaire de la Commission de l’établissement des rapports diplomatiques entre le Saint-Siège et l’Union Européenne et du 50° anniversaire de la présence du Saint-Siège au Conseil de l’Europe en qualité d’Observateur Permanent.

En concomitance avec ces anniversaires, une visite du Cardinal Parolin à Bruxelles avait été programmée du 28 au 30 octobre, visite annulée en raison de l’aggravation de l’urgence sanitaire. Il est prévu que les rencontres avec les Autorités de l’Union Européenne et avec les membres de la COMECE pourront se dérouler en visioconférence.

 

A mon Vénérable Frère

Monsieur le Cardinal PIETRO PAROLIN

Secrétaire d’Etat

 

Cette année, le Saint-Siège et l’Eglise en Europe célèbrent quelques anniversaires significatifs. Il y a cinquante ans, en effet, s’est concrétisée la collaboration entre le Saint-Siège et les Institutions européennes apparues après la deuxième guerre mondiale, par l’établissement des relations diplomatiques avec les Communautés Européennes d’alors et la présence du Saint-Siège comme Observateur auprès du Conseil de l’Europe. En 1980, a ensuite vu le jour la Commission des Episcopats des Communautés Européennes (COMECE) à laquelle toutes les Conférences Episcopales des Etats Membres de l’Union Européenne participent avec leur propre délégué, dans le but de favoriser « une plus étroite collaboration entre les dits Episcopats, dans l’ordre des questions pastorales liées au développement des compétences et des activités de l’Union ».[1] Cette année, est aussi célébré le 70e anniversaire de la Déclaration Schuman, un évènement d’une importance capitale qui a inspiré la longue marche d’intégration du continent, en permettant de dépasser les hostilités produites par les deux conflits mondiaux.

A la lumière de ces évènements, vous avez prochainement programmé des visites significatives aux autorités de l’Union Européenne, à l’Assemblée Plénière de la COMECE et aux autorités du Conseil de l’Europe, en vue desquelles je crois qu’il est de mon devoir de partager avec vous quelques réflexions sur l’avenir de ce continent qui m’est particulièrement cher, non seulement en raison de mes origines familiales, mais aussi pour le rôle central qu’il a eu et que j’estime qu’il doit encore avoir, bien qu’avec des accents différents, dans l’histoire de l’humanité.

Ce rôle devient encore plus important dans le contexte de pandémie que nous traversons. Le projet européen apparaît, en effet, comme volonté de mettre fin aux divisions du passé. Il naît de la conscience qu’ensemble et unis on est plus forts, que « l’unité est supérieure au conflit »[2]et que la solidarité peut être « une manière de faire l’histoire, un domaine vital où les conflits, les tensions, et les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie ».[3] A notre époque qui « est en train de donner des signes de recul »,[4] où prévaut toujours plus l’idée de s’en sortir tout seul, la pandémie se présente comme un tournant qui oblige à faire un choix : ou bien on continue sur la voie entreprise dans la dernière décennie, animée par la tentation de l’autonomie, en faisant face à des incompréhensions, à des oppositions et à des conflits croissants ; ou alors on redécouvre le chemin de la fraternité, qui a sans aucun doute inspiré et animé les Pères fondateurs de l’Europe moderne, à partir justement de Robert Schuman.

Dans les chroniques européennes de ces derniers mois, la pandémie a mis en évidence tout cela : la tentation de s’en sortir tout seul, en cherchant des solutions unilatérales à un problème qui dépasse les frontières des Etats, mais aussi, grâce au grand esprit de médiation qui caractérise les Institutions européennes, le désir de parcourir avec conviction le chemin de la fraternité qui est aussi le chemin de la solidarité, en mettant en œuvre la créativité et de nouvelles initiatives.

Cependant, les mesures prises ont besoin de se consolider, pour éviter que les poussées centrifuges reprennent force. Résonnent alors aujourd’hui, plus que jamais actuelles, les paroles que saint Jean-Paul II a prononcées dans l’Acte européiste de Saint-Jacques-de-Compostelle : Europe, « retrouve-toi toi-même, sois toi-même ».[5] A une époque de changements brusques, il y a le risque de perdre son identité, spécialement lorsque font défaut les valeurs partagées sur lesquelles fonder la société.

A l’Europe je voudrais donc dire : toi, qui as été au cours des siècles un foyer d’idéaux et qui sembles maintenant perdre ton élan, ne t’arrête pas à regarder ton passé comme un album de souvenirs. Avec le temps, même les mémoires les plus belles s’estompent et on finit par ne plus s’en rappeler. Tôt ou tard on s’aperçoit que les contours de son visage se fanent, on s’y retrouve épuisé et fatigué de vivre le temps présent et on regarde l’avenir avec peu d’espérance. Sans un élan idéal, on s’y redécouvre ensuite fragile et divisé et plus enclin à donner libre cours à la plainte et à se laisser attirer par celui qui fait de la plainte et de la division un style de vie personnel, social et politique.

Europe, retrouve-toi toi-même ! Retrouve donc tes idéaux qui ont des racines profondes. Sois toi-même ! N’aie pas peur de ton histoire millénaire qui est une fenêtre sur l’avenir plus que sur le passé. N’aie pas peur de ton besoin de vérité qui de la Grèce antique a étreint la terre, en mettant en lumière les interrogations les plus profondes de tout être humain ; de ton besoin de justice qui s’est développé par le droit romain et, avec le temps, est devenu respect pour tout être humain et pour ses droits ; de ton besoin d’éternité, enrichi par la rencontre avec la tradition judéo-chrétienne, qui se reflète dans ton patrimoine de foi, d’art et de culture.

Aujourd’hui, pendant qu’en Europe beaucoup s’interrogent avec découragement sur son avenir, un grand nombre la regarde avec espérance, convaincu qu’elle a encore quelque chose à offrir au monde et à l’humanité. C’est la même confiance qui a inspiré Robert Schuman, conscient que « la contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques ».[6] C’est la même confiance que nous pouvons avoir, à partir des valeurs partagées et enracinées dans l’histoire et dans la culture de cette terre.

De quelle Europe rêvons-nous donc pour l’avenir ? En quoi consiste sa contribution originale ? Dans le monde actuel, il ne s’agit pas de récupérer une hégémonie politique ou une centralité géographique, il ne s’agit pas non plus d’élaborer des solutions innovantes aux problèmes économiques et sociaux. L’originalité européenne réside avant tout dans sa conception de l’homme et de la réalité ; dans sa capacité d’initiative et dans sa solidarité active.

Je rêve alors d’une Europe amie de la personne et des personnes. Une terre où la dignité de chacun soit respectée, où la personne soit une valeur en soi et non l’objet d’un calcul économique ou un bien commercial. Une terre qui protège la vie à chacun de ses moments, dès l’instant où elle apparaît invisible dans le sein maternel jusqu’à sa fin naturelle, parce qu’aucun être humain n’est maître de la vie, la sienne ou celle d’autrui. Une terre qui favorise le travail comme moyen privilégié pour la croissance personnelle et pour l’édification du bien commun, en créant des opportunités d’emploi spécialement pour les plus jeunes. Etre amis de la personne signifie en favoriser l’instruction et le développement culturel. Cela signifie protéger celui qui est plus fragile et faible, spécialement les personnes âgées, les malades qui ont besoin de soins coûteux et les personnes handicapées. Etre amis de la personne signifie en protéger les droits, mais aussi en rappeler les devoirs. Cela signifie se rappeler que chacun est appelé à offrir sa contribution à la société, puisque personne n’est un univers indépendant et ne peut exiger le respect pour soi, sans respect pour les autres ; on ne peut pas recevoir si en même temps on n’est pas disposé aussi à donner.

Je rêve d’une Europe qui soit une famille et une communauté. Un lieu qui sait valoriser les particularités de chaque personne et de chaque peuple, sans oublier qu’ils sont unis par des responsabilités communes. Etre famille signifie vivre dans l’unité, en tirant profit des différences, à partir de la différence fondamentale entre l’homme et la femme. Dans ce sens, l’Europe est une véritable famille de peuples, différents entre eux, et pourtant liés par une histoire et par un destin communs. Les années récentes, et encore plus la pandémie, ont montré que personne ne peut y arriver seul et qu’une certaine manière individualiste de considérer la vie et la société conduit seulement au découragement et à la solitude. Tout être humain aspire à faire partie d’une communauté, c’est-à-dire d’une réalité plus grande qui le transcende et qui donne sens à son individualité. Une Europe divisée, composée de réalités solitaires et indépendantes, se trouvera facilement incapable d’affronter les défis du futur. Une Europe communauté, solidaire et fraternelle, saura au contraire tirer profit des différences et de la contribution de chacun pour affronter ensemble les questions qui l’attendent, à partir de la pandémie, mais aussi du défi écologique, qui ne concerne pas seulement la protection des ressources naturelles et la qualité de l’environnement que nous habitons. Il s’agit de choisir entre un modèle de vie qui écarte hommes et choses et un modèle inclusif qui valorise la création et les créatures.

Je rêve d’une Europe solidaire et généreuse. Un lieu accueillant et hospitalier, où la charité – qui est la suprême vertu chrétienne – vainc toute forme d’indifférence et d’égoïsme. La solidarité est expression fondamentale de toute communauté et exige qu’on prenne soin l’un de l’autre. Assurément nous parlons d’une “solidarité intelligente” qui ne se limite pas seulement à répondre le cas échéant aux besoins fondamentaux.

Etre solidaires signifie conduire celui qui est plus faible sur un chemin de croissance personnelle et sociale, en sorte qu’un jour il puisse à son tour aider les autres. Comme un bon médecin qui ne se limite pas à administrer un remède, mais qui accompagne le patient jusqu’à la guérison totale.

Etre solidaire signifie se faire proches. Pour l’Europe, cela signifie particulièrement se rendre disponible, proche et disposé à soutenir, à travers la coopération internationale, les autres continents, je pense spécialement à l’Afrique, afin que soient résolus les conflits en cours et que démarre un développement humain durable.

La solidarité se nourrit ensuite de gratuité et produit la gratitude. Et la gratitude nous amène à regarder l’autre avec amour ; mais quand nous oublions de remercier pour les bienfaits reçus, nous sommes plus enclins à nous renfermer sur nous-mêmes et à vivre dans la peur de tout ce qui nous entoure et qui est différent de nous.

Nous le voyons dans les nombreuses peurs qui traversent nos sociétés d’aujourd’hui, parmi lesquelles je ne peux pas taire la méfiance à l’égard des migrants. Seule une Europe qui est une communauté solidaire peut faire face à ce défi de manière fructueuse, alors que toute solution partielle a déjà démontré son insuffisance. Il est évident, en effet, que le bon accueil des migrants ne peut pas se limiter à de simples opérations d’assistance de celui qui arrive, souvent en échappant à des conflits, à des famines ou à des désastres naturels, mais il doit permettre leur intégration de sorte qu’ils puissent « connaître, respecter et assimiler aussi la culture ainsi que les traditions de la nation qui les accueille ».[7]

Je rêve d’une Europe sainement laïque, où Dieu et César soient distincts mais pas opposés. Une terre ouverte à la transcendance, où celui qui est croyant soit libre de professer publiquement sa foi et de proposer son point de vue dans la société. Les temps des confessionnalismes sont finis, mais – on l’espère – même le temps d’un certain laïcisme qui ferme les portes aux autres et surtout à Dieu,[8] puisqu’il est évident qu’une culture ou un système politique qui ne respecte pas l’ouverture à la transcendance ne respecte pas convenablement la personne humaine.

Les chrétiens ont aujourd’hui une grande responsabilité : comme le levain dans la pâte, ils sont appelés à réveiller la conscience de l’Europe, pour animer des processus qui produisent de nouveaux dynamismes dans la société.[9] Je les exhorte donc à s’engager avec courage et détermination pour offrir leur contribution dans chaque domaine où ils vivent et travaillent.

Monsieur le Cardinal,

ces brèves paroles naissent de ma sollicitude de Pasteur et de la certitude que l’Europe a encore beaucoup à donner au monde. Elles n’ont donc pas d’autre prétexte que celui d’être une contribution personnelle à la réflexion sollicitée de plusieurs côtés sur son avenir. Je vous serais reconnaissant de bien vouloir en partager le contenu dans les entretiens que vous aurez dans les prochains jours avec les Autorités européennes et avec les membres de la COMECE, que j’exhorte à collaborer en esprit de communion fraternelle avec tous les évêques du continent, réunis dans le Conseil des Conférences Episcopales d’Europe (CCEE). A chacun je vous prie de transmettre mes salutations personnelles et le signe de ma proximité aux peuples qu’ils représentent. Vos rencontres seront certainement une occasion propice pour approfondir les relations du Saint-Siège avec l’Union Européenne et avec le Conseil de l’Europe, et pour confirmer l’Eglise dans sa mission évangélisatrice et dans son service du bien commun.

Que la protection de ses saints Patrons ne manque pas à notre chère Europe : saint Benoît, les saints Cyrille et Méthode, sainte Brigitte, sainte Catherine et sainte Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein), hommes et femmes qui par amour du Seigneur se sont prodigués sans relâche au service des plus pauvres et en faveur du développement humain, social et culturel de tous les peuples européens.

En me confiant à vos prières et à celles de tous ceux que vous rencontrerez au cours de votre voyage, puissiez-vous apporter à tous ma Bénédiction.

Du Vatican, le 22 octobre 2020,
mémoire de Saint Jean-Paul II.

 

François

 


[1] Statut de la COMECE, art. 1.

[2] Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 228.

[3] Ibid.

[4] Lett. enc. Fratelli tutti (3 octobre 2020), n. 11.

[5] 9 novembre 1982, n. 4.

[6] Déclaration Schuman, Paris, 9 mai 1950.

[7] Discours aux participants à la Conférence “(Re)Thinking Europe”, (28 octobre 2017).

[8] Cf. Interview à l’hebdomadaire catholique belge,“Tertio” (7 décembre 2016).

[9] Discours aux participants à la Conférence “(Re)Thinking Europe”, cit.