vendredi 6 octobre 2023

Noëlle BOURGEOIS : historique du Rosaire à l'occasion de l'anniversaire du Rosaire

HISTORIQUE DU ROSAIRE

Saint Dominique a reçu le ROSAIRE des mains de Marie en 1208 (Tableau du Musée de Florence).

Depuis le XVe siècle, les Frères Dominicains font rayonner la prière du Rosaire dans le monde entier (ils portent un chapelet accroché à leur ceinture).

En 1822, Pauline Jaricot (béatifiée le 22 Mai 2022 à Lyon) a eu l'intuition du " Rosaire Vivant " : elle créé la Propagation de la Foi, reconnue par le Pape.

Le 19 septembre 1846, MARIE apparaît dans les montagnes de La Salette, et demande aux deux enfants, Maximin et Mélanie : "Priez mes enfants... Priez ..."

Le 11 février 1858, MARIE apparaît à Lourdes, et demande à Bernadette de prier le Rosaire.

Le 13 mai 1917, MARIE apparaît à Fatima... et Elle a toujours le chapelet à son bras. 

En 1908, les Dominicains ouvrent le Premier Pèlerinage du Rosaire à Lourdes, pour le Cinquantenaire des apparitions.

En 1955, le Père EYQUEM, Dominicain, crée "les EQUIPES du ROSAIRE", sentinelles de Notre-Dame : chaque mois, 50 000 personnes se réunissent par petits groupes, dans leur foyer, pour prier ensemble les mystères du Rosaire. Elles sont aidées par un petit "Livret Mensuel" écrit par le Responsable (Frère François-Dominique FORQUIN). Chaque membre de l'Equipe s'engage à réciter chaque jour une Dizaine, en confiant à Marie les intentions de chacun et du monde.

C'est une chaîne continue de prières qui montent vers MARIE de chaque pays...


jeudi 15 juin 2023

Bruno et Jean-Lucien : une semaine à Lourdes

 Une semaine à Lourdes - pèlerinage avec le diocèse de Lyon - 2023

1er jour : voyage Lyon-Lourdes en car, tous ensemble (pèlerins malades, résidents du Gareizin, hospitalières et brancardiers), installation et prise de connaissance les uns avec les autres. Tour de garde pour certains auprès des résidents de St Frai.

2e jour : procession les pèlerins en fauteuil et avec les chariots bleus de Lourdes dans le sanctuaire. 

Messe d’ouverture présidée par Mgr Loïc Lagadec et en présence des “bobs” des lycées du diocèse. Accueil des jeunes à l’entrée de l’Eglise Sainte Bernadette par une Ola ! Ambiance fraternelle, le pèlerinage est lancé !

Mgr Lagadec nous partage sa méditation sur la crèche : “Marie nous tend l’enfant Jésus et nous demande de le prendre avec nous”.

Chemin de Croix de la Prairie. Puis détente et convivialité à l’initiative du P. Didier autour d’un verre et d’un billard avec les brancardiers de Francheville.

3e jour : au lever du jour, messe des hospitalières et brancardiers à la Grotte puis messe internationale présidée par Mgr de Germay.

Commentant l’Évangile de la Visitation Mgr de Germay nous dit : “demandons à Marie la grâce d’être attentifs les uns aux autres. Quelle place la prière a-t-elle dans notre vie ? Décidons aujourd’hui de donner plus de la place à la prière chaque jour.”

« Sur les pas de Bernadette », commentaire des 17 apparitions, de la vie très pauvre de la famille Soubirous. Visite du “cachot” où la famille vécut deux ans à 6 dans 16m2 insalubres, unie grâce à la récitation quotidienne du chapelet. Chaque soir elle confiait sa journée au Seigneur et demandait l’aide pour le lendemain.

Procession mariale à la basilique St Pie X pour échapper à l’orage menaçant.

4e jour : messe pour les Malades et hospitaliers à la grotte présidée par Mgr de Germay.

Dans son homélie sur l’Evangile de l’aveugle Bartimée, Mgr de Germay nous interpelle : “Aujourd’hui Jésus demande à chacun de nous : que veux-tu que je fasse pour toi ?” Réponse personnelle au Seigneur. Il rappelle aussi le rôle de l’Eglise en réponse à l’injonction de Jésus : “Appelez-le”. La mission de l’Eglise est de nous aider à rencontrer le Christ pour le suivre tous les jours de notre vie.

Visite de Mgr de Germay aux malades au moment du déjeuner.

Préparation au sacrement des malades par les aumôniers : l’aumônier explique aux malades qui demandent le sacrement qu’ils recevront une force donnée par Dieu pour les aider à traverser leurs épreuves.

Procession eucharistique pour l’adoration du Saint Sacrement avec Mgr de Germay, à la basilique.

Explication par l’Hospitalité de notre Dame de Lourdes du remplacement de l’immersion aux piscines par le geste de l’eau pour les pèlerins : ce geste consiste en un lavement des mains, du visage et l’absorption d’eau de Lourdes en souvenir des gestes accomplis par Bernadette à la demande de Marie lors des apparitions. Cela permet à des familles de faire ce geste ensemble aux piscines.

5e jour : Sacrement des malades : geste de l’eau avec chaque membre de l’assemblée par les « bobs rouges » puis onction aux malades par les prêtres.

Messe d’envoi présidée par l’évêque de Lyon.

Il nous a donné son enseignement : “On voit bien que l’Esprit Saint est à l’œuvre aujourd’hui. De nombreux contemporains se détournent de notre monde matérialiste et sont disponibles à un témoignage de foi. Que faire aujourd’hui : retrouver la ferveur des premiers chrétiens, la foi doit transformer notre vie. Revenons à la source qui est Jésus. Beaucoup ont fait l’expérience de la tendresse de Dieu cette semaine. L’heure n’est plus à la peur d’être chrétiens. Soyons des témoins joyeux de l’Évangile. Allons leur dire : Dieu t’aime, Jésus a donné sa vie pour toi. Dieu comblera les attentes les plus profondes de ton cœur. Rentrons chez nous en décidant de changer. Dites à Jésus dans votre cœur ce que vous voulez changer concrètement dans votre vie”

6e jour : retour sur en rendant grâce pour toutes les rencontres avec les malades, hospitalières, brancardiers, prêtres et bobs marquées par l’expérience vécue de la joie, de la tendresse, de l’attention à l’autre.

Nous remercions Marie pour toutes les grâces reçues dans nos cœurs. Fortifiés par ce pèlerinage nous espérons mieux suivre Jésus avec Marie chaque jour.

Bruno et Jean-Lucien

vendredi 14 avril 2023

Commentaire des textes du 2e dimanche de Pâques - Année A - par le Père Christian Blanc

 Être là ! par P. Christian Blanc, Assomptionniste, le 05/02/2014

 A partir des lectures bibliques de ce 2e dimanche de Pâques (Actes 2,42-47, psaume 117, 1 Pierre 1,3-9 et Jean 20, 19-31), le P. Christian Blanc relie de manière lumineuse ce que la communauté doit au Christ... Mais quelle est cette communauté ?

 Quand le soir du premier jour de la semaine, Jésus ressuscité « se donne à voir » aux disciples rassemblés, Thomas l’un des Douze n’était pas là. Et quand les disciples lui racontent ce qui est arrivé, il refuse de croire. Pour qu’il reprenne foi, il lui faudrait, dit-il, pouvoir « voir » et « toucher » les plaies du côté et les mains percées, marques tangibles de Jésus crucifié. Thomas a-t-il eu tort de ne pas adhérer au témoignage de ses condisciples ? Avait-il raison d’exiger que, sur Celui qui s’était montré, apparaissent encore les traces de la Passion ? Voulait-il être sûr que Celui qui avait été martyrisé fut bien aussi le même dont on lui avait annoncé qu’il était ressuscité ? Bref Thomas n’était pas là et de ce fait il ne crût pas.

 Le Ressuscité est-il le même que le crucifié ?

Par contre, huit jours après, dans des circonstances tout à fait identiques, premier jour de la semaine et disciples rassemblés, Thomas fut visité à son tour et invité à satisfaire sa demande. L’exigence alors de « voir » et de « toucher » ne lui paraît plus nécessaire. Plutôt que ce geste dont on fait faussement état (Jean 20, 27-28), il croit au-delà de ce qui avait été déclaré jusque-là. Il reconnaît comme ses condisciples que Jésus est Seigneur, mais, portant encore plus loin la confession de foi, il confesse que ce Jésus est Dieu (Jean 20, 28). La pleine foi a pris au cœur de ce disciple, le soir du premier jour de la semaine quand, à la communauté rassemblée, Jésus le crucifié s’est donné à voir ressuscité, comme il l’avait fait huit jours auparavant et comme dorénavant il le fera à chaque rassemblement lorsque les disciples se réuniront pour faire « sa communauté ».

 Faire sa communauté ?

Pensez-vous qu’il y ait d’autres raisons pour motiver le rassemblement eucharistique dominical ? Pensez-vous qu’il ne soit pas nécessaire, pour vivre du Ressuscité, d’être ensemble rassemblé afin qu’il « se donne à voir » ? Le dimanche n’est pas seulement le jour, où toutes affaires cessantes, on se repose et se détend. Il est le moment par excellence où le Ressuscité, rassemblant ses disciples, refait les liens de la communauté, reconstitue leur fraternité en leur donnant sa paix. (Jn 20, 19. 21. 26.) Au cours du temps, on a fait de la « messe », ne le fait-on pas encore trop souvent, une dévotion individuelle où l’on se gardait bien de se tourner vers l’autre de crainte qu’il ne vienne distraire son propre quant-à-soi. Mais est-ce la bonne façon de célébrer le Christ ressuscité ? Le témoignage des uns doit éveiller les autres et la parole de foi ne doit-elle pas circuler ? (Jean 20, 25) Thomas, qui n’était pas là dans l’assemblée des disciples, ne pouvait croire au Christ ressuscité. Mais huit jours après, présent à la communauté, il découvre à son tour la Nouvelle et confesse la pleine foi. Quelque chose d’essentiel transparaît dans ce récit. Le premier jour de la semaine, refaire, en mémoire de Lui, ce que le Christ a fait lui-même, afin de le recevoir avec tout ce qu’il est, nécessite que chacun soit présent à l’assemblée des frères. La communauté des disciples du Christ a besoin de ces rendez-vous de la foi. Manquer ces rendez-vous, ce n’est pas désobéir à un commandement, manquer à une obligation, c’est manquer à la communauté. C’est priver la communauté de sa présence, de son partage, de son avancée vers plus de foi commune, plus d’unité, plus de fraternité. Manquer la messe le dimanche est une chose, mais manquer le rendez-vous de la communauté en est une autre bien plus importante, car elle touche aux liens que le Christ veut instaurer entre les personnes concrètes que nous sommes. L’absence touche à la constitution de la communauté qui est le but de l’Eucharistie. Venir faire eucharistie avec les frères et les sœurs en chemin comme moi c’est accepter de former le Corps du Christ, où chacun trouve sa place en liant sa vie avec celle des autres présents comme moi.

 Lier sa vie ?

Une opération qui dans la foi reste toujours à refaire pour ceux qui ont compris le sens de l’Eucharistie, car celle-ci rassemble et « assemble » ceux qui la célèbrent pour faire un corps vivant : Celui du Christ ressuscité. Venir à l’Eucharistie : venir faire communauté ? Venir faire communauté : hors de cela, y-a-t-il authentiquement eucharistie ? Thomas n’était pas là au premier rassemblement mais la seconde fois, présent, il confessa la foi plénière : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Dans la communauté qu’il assemble, le Christ ressuscité « ne se donne-t-il pas à voir ».

Être là avec les autres frères et se lier à eux concrètement dans la foi.

Faire exister le Corps du Christ et recevoir sa paix.

Être là.

vendredi 9 décembre 2022

Nouvelles de Sr Odile Perraud

 Dans ma nouvelle paroisse, la prise de contact se fait peu à peu, particulièrement avec la pastorale des familles en deuil, où les besoins sont importants. Après avoir pris quelques jours à l'abbaye de la Trappe de Soligny, j'ai pu y trouver, réconfort et consolation, prendre du temps de repos nécessaire, tout en partageant la vie de prière des moines, la solitude et le silence dans une nature aux couleurs d'automne, dans un espace de paix.

Cette distance du quotidien, m'a permis de vous retrouver devant le Seigneur, lui confiant vos joies vos peines, tous ceux avec qui, j'ai fait un bout de chemin, dans le diocèse de Lyon et la région...

Le 2 novembre particulièrement, je vous étais bien unie, lors de l'unique célébration sur la paroisse, pour les défunts de l'année, sur les 20 communes pour 20 clochers de nombreux visages aussi que je garde dans le cœur.

Je me suis réjouie aussi de l'arrivée de Monique à la Chardo venue élargir la fraternité.

Nouvelle expérience de partage fraternel avec les passagers du foyer et les personnes des Chardons

Bon chemin vers Noël !

Ouvrons la porte de nos cœurs à l'Enfant-Dieu qui vient demeurer chez nous et nous manifester l'Amour du Père, pour le salut de tous les peuples.

Courage, force et Espérance, en Lui qui est dans ce monde bouleversé, Source de Vie et de Paix, de Joie et de Lumière.

Bien fraternellement unie

Odile.

mercredi 23 novembre 2022

Marie-Jeanne Rohan et Isabelle Besson : Les 50 ans de Foi et Lumière à Lourdes

Au lendemain de Pâques 1971, Foi et Lumière est né à Lourdes.

Covid oblige, ce jubilé a été reporté d'un an mais du 27 au 31 octobre 2022, nous sommes revenus à la source pour fêter les 50 ans du Mouvement.

Nous nous sommes retrouvés plus de 3 000 de France et de Belgique. Après un voyage en car ou en train et l'installation à l'hôtel, nous avons vécu le "lavement des pieds " et un temps de prière. Ce geste a une place spécifique dans les communautés de Foi et Lumière et à l'Arche. Il nous rappelle que nous sommes invités à vivre la confiance, la responsabilité comme un don, un service, les uns envers les autres.

 

Un "trésor à partager" était le thème de ce pèlerinage. Ensemble parents, amis, enfants, jeunes, adultes en situations de handicap à travers la fraternité, la patience, le courage, l'enthousiasme, la compassion, le pardon, la maîtrise de soi, la bienveillance, la bonté, la prière, la douceur, la paix, la joie et l'amour, nous l'avons trouvé  ce trésor ! Ce furent 4 jours merveilleux qui nous ont permis de revenir à l'essentiel, au cœur de nos relations, de re-situer le Christ au cœur de nos échanges. Et comme nous l’a dit un évêque présent : "ici c'est le monde à l'envers, et l'Évangile à l'endroit". A nous de continuer à le vivre ce beau message au sein de notre Église et de nos paroisses.

Merci à vous pour vos dons qui nous ont permis de vivre ce temps hors du commun.

Marie-Jeanne Rohan

Ma mission proposée par la communauté Enfants Lumière, avec Marion, jeune institutrice, a été d’accompagner une famille de 3 enfants : Guillaume, autiste de 7 ans et ses petites sœurs jumelles de 5 ans, pétillantes et très déjà autonomes pour leur âge !

Notre présence auprès des enfants a permis à toute la famille de profiter à fond du programme intense proposé : temps festifs, ateliers, célébrations, chemin de croix, balade jusqu'à la bergerie où Bernadette a passé une partie de sa jeunesse, repas à l’hôtel, trajets à pied aux différents points de rendez-vous...

Quatre jours pour moi, pleins de larmes, d’émotions, de joie, de fête, de chansons.

Un vrai temps d’Évangile et d’Église où les plus fragiles sont mis à l’honneur, une bienveillance générale entre jeunes en situation de handicap, parents ou accompagnateurs, familles "amies " : une alchimie qui fonctionne !

Découverte d’une vraie leçon de courage de voir ces parents sortir de leur quotidien difficile, de leur solitude parfois, de les voir échanger entre eux, se soutenir, de les écouter, de les voir apprécier ce pèlerinage.

Un grand merci à Marie-Jeanne, Sylvie et Frédéric de m’avoir embarquée dans cette expérience unique : j’en ressors dynamisée !

Et sans doute en pointillé, je vais continuer à les suivre.

Isabelle Besson 

4 petits films témoignages du Pèlerinage de Foi et Lumière à Lourdes, à visionner :












mardi 30 août 2022

Père Eric de Nattes : homélie du 20e dimanche du temps ordinaire, année C

 Le Feu sur terre

‘’Venir apporter un feu sur la terre’’ n’est sans doute pas la parole que nous attendions en cette période assez terrible d’incendies qui ont ravagé des régions entières de notre pays au point de susciter l’entraide de voisins européens.

Laissons-nous porter cependant par l’image. C’est celle du Buisson Ardent qui m’est venue à l’esprit. Et non celle qui évoque la fin des temps et le feu purificateur qui va détruire ce qui n’est que paille dans l’aire à vanner, ainsi que Jean le Baptiste l’évoque dans sa prédication. Le Buisson Ardent, c’est le feu qui brûle sans consumer ! C’est bien alors l’énergie du feu qui est mise en valeur, lui qui réchauffe et transforme et renouvelle. Et s’il dévore, c’est le froid qui est en nous, ce qui meurt, pour le vivifier, lui redonner vie.

Comment ne pas associer alors cette image à ces ‘’langues qu’on eut dites de feu’’ posées sur les Apôtres au jour de Pentecôte, telles que décrites par le même Luc dans les Actes des Apôtres. On comprend, dès lors, qu’il puisse tarder au Seigneur que sa présence se répande sur toute chair et achève l’œuvre du Fils.

Quant au baptême, on comprend, là encore, qu’il ne s’agit pas tant du geste de l’eau purificatrice pour se préparer au jugement en se convertissant, telle que Jean le Baptiste le pratiquait, mais bien de la plongée autrement angoissante dans la profondeur du mal, des eaux sombres de la mort, en faisant confiance à la puissance de vie du Père. Double mouvement de l’angoisse et de la confiance si bien exprimé aux jours de la Passion : ‘’Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? En tes mains je remets mon esprit.’’

Cette dimension du baptême, aujourd’hui essentiellement vécue par des enfants, est difficile à développer auprès de parents qui confient leurs enfants à la ‘’protection’’ de Dieu, ainsi que la plupart l’expriment bien naturellement. Comment leur rappeler que le Père n’a pas protégé son ‘Unique’, son Bien-Aimé, du mystère de l’iniquité et du mal ? Qu’il a aimé ce monde dans sa contradiction et jusqu’aux profondeurs de la trahison et de l’injustice la plus aveugle. Qu’il s’est livré, dans le mouvement divin de la vie qui se donne, jusqu’au bout. Il faut avoir vécu, et parfois vécu l’angoisse et l’abandon, pour saisir un peu de la profondeur du chemin pascal du Christ. Sinon, on en reste plus ou moins aux divinités protectrices de toutes les religions naturelles à qui il faut offrir de bons sentiments et des sacrifices pour les influencer favorablement. On naît païen et l’on devient chrétien, sa vie durant. 

Est-ce pour cela aussi qu’adhérer au chemin du Christ, à la vérité qui s’en dessine et qui nous fait aller vers une vie renouvelée, peut provoquer de très fortes tensions, au sein même de nos plus proches ? L’histoire est faite de ces tensions. Combien de jeunes romaines, renouvelées par leur lien au Christ, ont payé de leur vie leur opposition à leurs patriciens de pères qui les auraient bien ‘’vendues’’, si l’on peut dire, à un de leur vieux confrères pour organiser un mariage juteux en termes d’influence et de profits. Aujourd’hui nous chantons leurs noms antiques dans nos litanies des saints sans vraiment réaliser ce que cela a signifié d’opposition et parfois jusqu’au sang.

Et Charles Louanga et ses compagnons en Ouganda au XIXème, et les 8000 martyrs de Corée encore au XIXème, et les 26 martyres crucifiés comme leur maître à Nagasaki au XVIème… etc etc, la liste est interminable et n’est toujours pas close ! C’est bien la paix que le Christ nous donne, mais SA paix, celle qu’il reçoit du Père et qui lui permet d’aller au bout. Non pas la paix toujours précaire selon le monde, celle où il y a souvent un vainqueur et un vaincu, celle qui cherche un équilibre des intérêts de chacun… Je ne les dévalorise pas - elles sont si difficiles à trouver - mais il en est une, peut-être plus profonde, à aller chercher au fond de soi, là où jaillit la vie donnée, celle du Père. Celle que donne son Fils. Une paix que ‘’le monde’’ ne peut donner, qui ne provient pas de ses logiques.

dimanche 24 juillet 2022

Père Eric de Nattes : homélie du 17e dimanche du temps ordinaire - année C

Prier. 

Baptême d’Adriana au cours de la messe

« Seigneur, apprends-nous à prier. » Cette demande d’un disciple à Jésus, Paul la confirme lorsqu’il dit ‘’Nous ne savons pas prier comme il faut’’. S’il existe bien des écoles de prière, l’attitude fondamentale du priant en christianisme est d’abord de savoir qu’il ne sait pas prier. ‘’Savoir’’, cela signifierait que je connais mon interlocuteur, que je sais qui il est et ce que je peux lui demander et selon quelles stratégies. Alors Dieu n’est plus un mystère qui ouvre le chemin d’une quête, et la prière n’est plus une expérience qui m’éprouve (qui éprouve mon désir, ma fidélité, mon abandon ou consentement à la vie qui vient) mais une technique pour ‘obtenir’ ou pour me ‘sentir bien’. Seules les ‘esprits impurs’ dans les évangiles ‘savent’ qui est Dieu.

Seigneur, tu ne donnes pas de technique à tes disciples, mais une attitude de fond face au mystère de celui que tu nous apprends à nommer, Père, papa, dont le nom si familier, si proche, invite à l’abandon confiant et à l’ouverture du cœur pour recevoir, même, et surtout peut-être, l’inattendu, ce que nous n’avions pas demandé. 

« Et s’il ne se trouvait que dix justes, ferais-tu périr Sodome et Gomorrhe ? » Face à cette négociation très orientale, nous ne sommes pas à l’aise. Il faudrait prier Dieu ainsi ? Alors je rappelle le principe que j’ai tant de fois redit : c’est le Christ Jésus qui nous donne l’interprétation des Écritures et non l’inverse. Où avez-vous vu dans les évangiles que Dieu est présenté comme ce justicier qui détruit sans discernement l’inique et le juste ? C’est sa miséricorde qui scandalise, c’est sa bonté de Père qui ouvre un abîme, pas sa justice de justicier tellement humaine… trop humaine ! Ça, c’est l’indignation et la colère que ‘nous’, nous ressentons devant l’injustice et qui nous provoque à commettre le pire en devenant nous-mêmes ce qui nous révulse.

En l’état du récit, rien n’indique que le Seigneur va exterminer Sodome et Gomorrhe, encore moins qu’il ne fera aucune différence entre l’inique et le juste. Il veut savoir si la clameur qui monte est vraie. C’est Abraham, partant de ce qu’il sait des hommes et de leur manière d’user du pouvoir, qui intervient, effaré par ce qui risque de se produire. Moins qu’une négociation de marchands de tapis, on a là un récit, haut en couleur certes, mais de l’homme de Foi qui apprend à connaître son Dieu dans la prière, et qui découvre, rassuré, sa miséricorde. La vie du juste est infiniment plus précieuse aux yeux de ce Dieu qui se dévoile, que la punition de nombreux injustes. Lot et les siens seront d’ailleurs sauvés. La prière : lieu complexe où le désir de l’homme et la volonté du Père se rencontrent, l’une éduquant l’autre à la vie.

« De tout cœur, Seigneur, je te rends grâce. » Dieu est le Père du ciel (non pas pour marquer une distance infranchissable, tout au contraire) mais pour bien le démarquer de notre père de la terre, mais il n’est pas le ‘Père Noël’. On ne le ‘convoque’ pas  dans la prière pour en retirer quelque-chose. Et le psaume commence ici par la louange, l’action de grâce (merci) ; ce qui devrait être le mouvement de toute prière. Car s’il existe bien une différence entre le croyant et l’incroyant, c’est que le premier accueille sa vie comme reçue ou se recevant jour après jour de la surabondance du Père, de ce que l’on nomme son ‘’amour’’ pour nous. Ainsi, ne pas louer est l’indice d’un repli du don en nous, d’un étouffement de la source. Le Notre Père commence lui aussi par la louange confiante : que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite… Les demandes ne viennent qu’après. Entrer dans la louange, c’est à nouveau élargir l’espace de sa tente, autrement dit de son cœur, et goûter l’accueil de l’autre, sa visite, et la joie qu’on en retire. Rien ne m’est dû, tout m’est donné. ‘’Qu’as-tu donc ô homme, que tu n’aies reçu’’ dira St Paul.

« Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint, à ceux qui le lui demandent. » Nous qui sommes ‘mauvais’, est-il dit, savons pourtant donner de bonnes choses à nos enfants… ‘’de bonnes choses’’ ! Combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint. Chacun conviendra qu’il ne s’agit pas d’une chose parmi d’autres. Car Dieu en donnant SE donne. L’Esprit n’est pas autre chose que Lui en nous, sa vie qui nous anime, son souffle qui fait de nous des vivants et pas seulement des créatures en vie.

En cet instant, c’est bien la demande que nous allons faire au Père pour Adriana, comme elle l’a été pour chacun de nous au jour de notre baptême. Seigneur regarde avec tendresse ses parents qui lui donnent de bonnes choses pour qu’elle grandisse et soit heureuse. Nous, nous venons te demander de lui donner ton Esprit Saint et de la garder dans ton souffle de vie.