vendredi 14 janvier 2022

EAP : Éléments de compte-rendu et propositions d’actions suite à notre temps d’échanges sur le rapport de la CIASE du 18 novembre 2021

Nous avons envoyé un compte-rendu de notre réunion à la trentaine de participants réunis le 18 novembre dernier. Cette réunion a été animée par Pierre-Yves Péguy, Mireille Collet et Joseph Sabbagh.

Nous reprendrons en seconde partie de ce document les principaux points.

Depuis, nous en avons discuté en trinôme délégué par l’EAP : Florence Bourgarel, François Jeanjean et Joseph Sabbagh le 6 décembre dernier.

 

Intention de l’Equipe d'Animation Pastorale

Notre objectif était de trouver une unité entre plusieurs actions en cours ou à venir dans notre paroisse, de communiquer dessus afin de permettre au plus grand nombre d’y contribuer.

Les principales actions que nous voulons relier sont :

I. Le forum paroissial « Marcher ensemble », prévu le samedi 22 janvier 2022 et REPORTÉ AU SAMEDI 7 MAI DE 9H30 A 12H30. Une invitation détaillée pour ce forum vous sera adressée. Il devra permettre

o   de faire un point d’avancement sur la mise en œuvre de notre organisation

o   de mieux connaître ce qui se vit dans notre paroisse

o   de faire le point sur le résultat de notre démarche synodale en paroisse

II. La prolongation concrète, par un agir ensemble, de notre réunion sur la CIASE du 18 novembre dernier. Nous inviterons les représentants des pôles, concernés par ces actions, à y participer

III. L’inscription de ces actions CIASE (voire d’autres qui émergeraient) dans la démarche paroissiale sur la synodalité, en créant des groupes de travail s’appuyant sur la méthodologie proposée par le diocèse https://lyon.catholique.fr/actualites/synode2023/2021/11/12/synode-2023-une-equipe-diocesaine-a-votre-ecoute/

o   Kit 1 : Démarche appréciative (De la vie et des projets dans notre paroisse)[1]

o   Kit 2 : Après le rapport de la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels en Église)

o   Kit 3 : Pour une Église « Peuple de Dieu » (Riche de la diversité de toutes les baptisées et de tous les baptisés)

o   Kit 4 : Rêver une Église pour demain (Ce que j’en vois aujourd’hui, ce que j’en espère pour demain)

De beaux et grands chantiers s'ouvrent à nous.

Soyons nombreux à y contribuer et à appeler d'autres à le faire aussi.

 

Éléments de compte-rendu du 18/11/2021

I. Situer la question

·       Nous avons commencé par quelques présentations individuelles courtes en tentant de répondre à : Pourquoi je suis là ce soir ? Ce que j’en attends ?

Quelques Verbatim 

o   Je suis saisie par le courage des victimes et la qualité du rapport Sauvé. Je me sens complice, voire coupable, de ce silence. Je suis là pour passer de la culpabilité à l’action

o   Je souhaite entrer dans une démarche synodale pour que nous puissions nous concerter

o   Aller de l’avant è Comment redémarrer l’Église ?

o   Qu’est-ce qu’on attend de nous ? Que peut-on faire ? C’est important d’agir

o   Voir quelles sont les décisions prises pour agir

o   Discuter en paroisse. Nous sommes membres de l’Église. Nous avons à agir et à soutenir nos prêtres

o   C’est un poids énorme ! Les témoignages sont accablants. Il faut s’y arrêter car cela a détruit des vies

o   Notre Église est malade. Il faut la reconstruire

o   45 recommandations ! que ferons-nous de tout ça ? Ce n’est pas clair

     

·       Un exposé court a été donné par Pierre-Yves Péguy sur les grandes lignes du rapport, la méthodologie utilisée, les résultats quantitatifs et qualitatifs

·       S’en est suivi une présentation des 45 préconisations par Mireille Collet, qui les a classées en : ce sur quoi nous pourrions agir et ce sur quoi il nous sera plus difficile d’agir

 

II. Qu’avons-nous retenu ?

A la question « Quelles préconisations/propositions/thématiques choisir pour les approfondir et agir en paroisse ? », les participants ont évoqué les thématiques suivantes[2] 

a- Conduire une réflexion et faire des recommandations qui permettraient de libérer le fonctionnement de l’Église en profondeur 

b- Travailler ensemble sur la manière de transmettre la foi. Passer en revue les expressions bibliques utilisées à mauvais escient pouvant ainsi encourager à cacher, manipuler …

c- Pouvoir et contre-pouvoir dans l’Église avec la déclinaison de ce que cela veut dire au niveau du diocèse et de la paroisse. Relire nos modes de fonctionnement, d’exercice du pouvoir, pour identifier les situations à risque dans notre paroisse 

d- Morale sexuelle de l’Église ou comment mettre un peu de bon sens dans tout ça pour concilier intelligemment quête spirituelle et quête charnelle 

e- Marquer le coup pendant le temps liturgique pour reconnaître la gravité/prendre la mesure de ce qui se passe, s’ouvrir à l’accueil de victimes et développer nos capacités d’écoute 

f- Rendre plus simple la lecture des 45 propositions de la CIASE pour en faciliter l’accès au plus grand nombre

Pour ces six thématiques, nous verrons, avec les sous-groupes à constituer, comment mieux les formuler, avec lequel des kits travailler et comment faire connaître l’information pour inviter plus de monde à participer.

Nous avons conclu notre réunion du 18/11 par un Notre Père chanté ensemble



[1] Le kit 1 « démarche appréciative » n’est pas prioritaire car nous considérons qu’avec la consultation de 2019 et les propositions formulées lors de la journée paroissiale « L’église en chantier » en janvier 2020, cette étape a été menée au sein de la paroisse. La visée ainsi que la mise en place de la nouvelle organisation découlent de toute cette démarche. Cependant, si des personnes souhaitent réfléchir sur ce sujet, c’est tout à fait possible et pourront se déclarer durant le forum du 22 janvier 2022.

[2] Certains des participants s’y sont déjà inscrits. Si l’une des thématiques ou d’autres vous intéressent, Merci de contacter l’un des animateurs de cette soirée pour vous faire connaître.

 

lundi 3 janvier 2022

Père Eric de Nattes : homélie du jour de Noël 2021

« Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître. »

C’est un évangéliste qui nous le dit : Dieu, personne ne l’a jamais vu ! Il faut que nous nous en souvenions toujours. Celui qui vous parle de Dieu, par quelle autorité en parle-t-il ? Puisque comme vous, comme moi, il ne l’a jamais vu. Qui sait ce que pourrait être la vie en plénitude, la vie en Dieu ?  Dieu est la quête de l’homme. Saint Jean s’explique donc dès le début de Son Évangile. S’il nous parle de Dieu, c’est par l’autorité de Jésus. Ce qu’il a vu faire à cet homme. Ce qu’il a entendu dire à cet homme lui permet de comprendre que Dieu a visité l’humanité. Qu’à la question quasi enfantine : si Dieu était parmi nous que ferait-il, que dirait-il ? Jean peut désormais répondre : il ferait et dirait ce que dit et fait Jésus. Si la Vie pouvait prendre notre forme que serait-elle : « Jésus ». Jésus : manifestation de la Vie elle-même pour les humains que nous sommes. Jean rend témoignage pour que nous ayons foi, nous aussi, et qu’ayant foi, la Vie nous soit donnée.

Permets Seigneur Dieu, que je ne parle jamais de Toi autrement que par l’Évangile, que par l’autorité de Jésus.

 

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire. »

Le mouvement de la Vie, de Dieu lui-même est ce que l’homme ne fait pas d’instinct, et peut-être ne sait pas faire. L’éternel, l’infini, le non mesurable (la Vie en soi, la Vie elle-même) nous ne savons comment dire, se laisse circonscrire dans le petit, dans une forme passagère, dans le tout-petit : cet enfant-là, cet homme-là, à ce moment-là de l’histoire, dans ce lieu-là de l’univers.

Je te loue, je chante ta louange Seigneur, Toi le Dieu qui ne t’est pas laissé enfermer dans le plus grand, mais qui t’est laissé contenir par le plus petit, car tu es amour.

Beaucoup rêvent d’accomplir de grandes choses mais avec un cœur si racorni, un esprit si étroit, qu’ils deviennent si vite ridicules parce qu’ils se donnent en spectacle.

Et il y a ceux, tous ceux, la multitude de ceux qui font les petites choses avec un cœur immense, contenant tout l’amour qui est en eux. Ils ont compris que la vie est faite pour se donner. Ceux-là sont témoins de Dieu. Ils sont témoins de la Lumière comme le dit St Jean.

Merci Seigneur de me détourner d’être un « songe creux ». De ceux qui se donnent des allures de profondeur pour chercher Dieu toujours ailleurs, toujours dans le plus grand. Mets en moi la joie de te découvrir dans la vie elle-même.

 

« Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. »

Frères et sœurs beaucoup d’entre vous ont préparé au mieux les festivités pour que les convives soient heureux autour de la table. Et c’est bien, c’est bon. Dieu nous convie maintenant au signe si humble de sa table : ce pain et ce vin partagés pour dire que nous sommes de sa famille. De la famille de Dieu. Ses enfants chéris.

Vous savez bien que les mets les plus délicieux et les demeures les plus fastueuses ne remplaceront jamais un invisible, une lumière précisément qui est communion entre les convives. Le festin de la table ne sera rien s’il n’est pas le festin de la vie, si nos cœurs ne sont offerts et nos vies données comme un bon pain. Si nous n’offrons notre présence à l’autre. Soyez joyeux d’être aujourd’hui les bergers de la vie qui nous est confiée.

Père Eric de Nattes : homélie de la veillée de Noël (2021)

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre a resplendi une lumière. Isaïe est lucide… Lassitude de ne pouvoir se projeter à plus de quelques semaines tant l’horizon est plus dans l’obscur que le clair. On ne va pas se développer ce soir la litanie des nuances de gris jusqu’au très sombre, de la pandémie qui n’en finit pas aux bruits de bottes aux frontières de l’Europe, en passant par les violences conjugales et les scandales dans l’Église ! Isaïe fait partie des personnes lucides mais il a une espérance : une grande lumière va se lever, elle va resplendir.

Mais, quand on le lit intégralement, on sent qu’il hésite. Un Messie qui va en imposer à tous ? Une forme de super-héros version Biblique qui va détruire les méchants, et faire régner la justice ? Mais comment ? En l’imposant à tous ? Mais ça, on connaît, ça s’appelle un dictateur. Parce qu’au départ c’est toujours pour le bien de tous… et on connaît déjà la fin ! On a déjà vécu l’histoire, pas la peine de la remettre en scène.

Ailleurs, Isaïe dit : ‘’non, en fait, on ne le reconnaîtra pas. On se moquera même de lui parce qu’il va prendre sur lui nos injustices, les porter humblement. L’amour ne peut pas arriver en super-héros. C’est infantile. On ne fait pas le bonheur des gens malgré eux. On leur indique un chemin et puis on les aime, parfois jusqu’au bout de nos forces.

Alors le signe de cette lumière ? Un enfant emmailloté, couché dans une mangeoire… la vie naissante, fragile, qui suscite le meilleur de nous-mêmes et dont nous devons prendre soin. Comprendrons-nous ? La vie fragile, donnée comme un trésor merveilleux entre nos mains de bergers pour la garder et la faire grandir ? Pas la vie dont je m’empare pour la piller, me l’approprier, la violenter.  Ce soir nous laisserons-nous toucher ? Une planète à qui n’en peut plus… des millions d’êtres humains qui n’arrivent pas à survivre… la vie fragile, dont il faut prendre soin.

Mais je regarde tout un peuple, une multitude qui a compris, mais qui ne fait pas de bruit ; qui essaie partout de rendre la vie à son mystère de fragilité et d’appel aux soins. Bénis soyez-vous, les humbles bergers, dans la nuit de Bethléem, dans tous les lieux si nombreux où l’on prend soin de la vie, le ciel et la terre chantent leur hymne pour vous ce soir. Vous êtes les fils et filles de Dieu comme l’enfant de Bethléem.

 

La barre qui meurtrissait l’épaule, le bâton du tyran, les voilà brisés ; les bottes qui frappaient le sol et les manteaux couverts de sang sont jetés au feu. Isaïe : nous sommes environ 700 ans avant la naissance de Jésus et l’Assyrie, puissance montante, menace Jérusalem. Jésus, lui, naît sous la domination de l’Empire Romain sur la Judée et le monde méditerranéen. Aujourd’hui, nous assistons à la diplomatie de la force à nos frontières européennes entre des puissances qui rêvent à nouveau d’Empires. C’est donc bien de toujours à toujours. Un monde sans cette violence endémique ? Entre États, entre groupes ethniques, entre bandes rivales, entre voisins, dans les fratries, au cœur du couple ? C’est possible ? Là encore, pas sans nous. Pas sans notre consentement, pas sans le changement effectif de chacun : dans le couple, la famille, le travail, dans la parole comme dans les gestes, dans le regard et dans le cœur. Une colère, une violence à éradiquer du fin fond de soi-même. Les tyrans sauront toujours tirer profit de nos colères, de nos frustrations et de nos désirs de vengeance pour continuer d’imposer le cercle immuable de la violence commise et subie.

Et pourtant, un peuple nombreux travaille, là encore, bien souvent dans le secret de petites structures pour apprendre la communication non-violente, l’écoute partagée. Et ils expérimentent et apprennent. Ils sont les « doux et humbles de cœur » du Royaume.

 

Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné : conseiller merveilleux, prince de la paix… mais ce n’est qu’un bébé ! Bien sûr, puisqu’il a tous les visages de la vie qui réclame qu’on prenne soin d’elle. Et l’Évangile prétend que ce signe est universel : « pour tout le peuple ! ». Et en effet, entre celui qui professe la foi et se tient du côté de la domination et celui qui dit ne pas avoir foi mais se tient près de la vie fragile… qui est aux côtés de l’enfant de Bethléem ?

Un peuple nombreux chemine, là-encore, hors des ténèbres du « toujours plus » et de la domination, pour penser d’autres systèmes de gouvernance, d’autres manières de consommer et pour vivre une joie véritable hors d’une consommation qui n’arrive plus à se réguler, d’une accumulation qui serait risible si elle n’était pas mortifère.

 

Alors ce soir, faisons la fête, car il faut savoir être dans l’abondance et même parfois l’excès pour goûter aussi la sobriété heureuse du partage de nos présences. Vous le savez bien, que seraient les mets les plus raffinés si nous ne voulions pas donner qui nous sommes pour la joie aussi des convives, si nous refusons de nous donner nous-mêmes ?

Alors regardons une fois encore l’enfant couché dans la mangeoire et né à Bethléem (la maison du pain étymologiquement), lui dont la vie se fera nourriture, ce que nous allons fêter dans le signe humble et joyeux du pain et du vin, de l’eucharistie.

Joyeux Noël !