A l’écoute de la Parole
Le retour de Lazare à la vie
« En ce temps-là, il y avait
quelqu’un de malade… ». Ce commencement de l’Evangile résonne à nos
oreilles de confinés : aujourd’hui, ce n’est pas « quelqu’un » qui
est malade, ce sont des milliers… Et ceux qui, malheureusement, succombent
comme Lazare sont mis au tombeau, laissant familles et proches stupéfaits,
anéantis, éplorés.
Contre la mort, il n’y a plus rien
à faire. Plus précisément, rien que nous, humains, puissions faire. « Si
tu avais été là avant », dit Marthe, car « avant », tout est
encore possible ! Mais le point de non-retour est atteint, contre lequel notre
foi, comme celle de Marthe, vient se heurter. Oui, même nous, croyants, face à
la mort d’un être cher, pouvons connaître des heures d’incertitude et
d’angoisse. Comme Marthe, nous pouvons bien proclamer verbalement notre foi
chaque dimanche : « Je crois que tu es le Christ, le Fils de
Dieu », « J’attends la résurrection des morts et la vie du monde à
venir », quand vient l’heure de la confrontation inévitable au mystère de
la mort, y a-t-il encore un chemin à faire ?
Oui, nous dit Jésus ce dimanche, un
chemin à faire dans la foi, et pas
seulement un chemin à faire vers la
foi, comme ce fut le cas pour la Samaritaine ou pour l’aveugle-né. A l’instar
de Marthe qui s’effraye de l’ordre d’enlever la pierre, nous ne sommes jamais
tout à fait croyants, pas complètement croyants. A l’instar de Marthe, il nous
faut croître encore, sauter dans l’inconnu, oser reconnaître en Jésus une dimension
de sa personne que peut-être nous n’avions pas encore saisie, un quelque chose
qui dépasse nos attentes les plus grandes, un quelque chose « infiniment
au-delà de tout ce que nous pouvons demander ou concevoir », comme dit
Paul aux Ephésiens (3,20). Marthe pense en effet à l’avenir : « Je
sais que mon frère ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ». Mais
Jésus la tourne vers le présent, vers lui-même et son identité : « Je suis la résurrection et la
vie ». La vie est déjà là, en lui Jésus. La résurrection est déjà là, en
lui Jésus.
Bien-sûr Lazare va mourir à
nouveau, il n’est que momentanément rendu à sa vie antérieure, mais le signe
est donné d’une autre vie, une vie durable celle-là, qui nous attend par-delà
la mort. Ce n’est qu’un signe de ce que Dieu peut faire. Il peut ne rien y
avoir. Il y aura quelque chose. Et les cloches de Pâques l’annonceront bientôt
à toute volée !
Chantal
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