Marthe et Marie
Il est question d’hospitalité dans les lectures de ce jour. Et ce sont deux femmes dans l’évangile qui vont l’illustrer. Accueil au sein de la maison, de l’intime, donc on s’en doute, de ma demeure intérieure aussi : mon esprit, mon cœur, mon être. La vie est à double entrée : matérielle et spirituelle. L’un fait signe de l’autre.
Mon accueil est-il inquiet de lui-même ? De l’image qu’il
donne ? Tout doit-il être parfait ? Mais parfait aux yeux de qui ?
Des miens ou du convive ? Dans mon accueil, est-ce que je me mets la
pression ? Moi tout seul ! Sans avoir besoin qu’on me la mette !
Reste-t-il dans mon accueil de la place pour l’invité lui-même ou bien tout
est-il à ce point préparé, cadré, encadré qu’il n’a plus qu’à se conformer aux
figures imposées du rituel ! Pas de place pour l’inattendu. Nous voyons Jésus
régulièrement mis à l’épreuve par ceux qui l’invitent. En revanche il y a celui
qui ne peut même pas avoir l’idée de l’accueillir tant son intérieur ne lui
semble pas encore à la hauteur : Zachée par exemple. Que d’attitudes
spirituelles derrière cela !
Mon accueil se fait-il disponibilité, écoute, attention ?
Conscient que l’invité est celui qui peut élargir l’espace de ma tente par sa
nouveauté, sa parole, sa présence. Il n’est pas là pour me distraire de mon
quotidien ou me divertir, je ne suis pas là pour l’éblouir. Nous espérons nous
rencontrer et faire un bout du chemin de la vie, et, pourquoi pas ? Nous
nourrir l’un l’autre.
Alors bien sûr, une écoute, une attention, une disponibilité
qui ne retrousse jamais les manches ou n’enfile pas le tablier de service,
trouve vite ses limites et l’on a envie de chanter : ‘’paroles, paroles,
paroles’’. Mais un accueil actif qui se fait inquiétude, puis agitation et enfin
transmission de l’agitation ou de l’inquiétude à tout l’entourage, devient stérile.
Marthe et Marie : deux femmes pour nous faire réfléchir à la fécondité
de notre accueil, à sa qualité. Deux sœurs pour nous dire que les opposer l’une
à l’autre n’a pas de sens. Chacun de nous est Marthe qui doit tendre vers le
meilleur de Marie, et Marie qui se laisse interpeler par Marthe.
Jésus ne reproche pas à Marthe son activité mais son agitation ! L’agitation, c’est l’activité inquiète qui a contaminé mon être, mon intériorité. Cette agitation conduit à l’inquiétude. Et nous savons tous que l’inquiétude rétrécit l’espace intérieur. Nous devenons amers, mesquins, dans l’inquiétude. Et nous voudrions alors que tout s’agite et participe à notre inquiétude. Si Marthe était encore dans l’activité et pas dans l’agitation, elle aurait simplement pu, discrètement, dire à Marie qu’elle était débordée et qu’elle lui demandait de l’aide. Mais c’est à Jésus que Marthe vient porter sa plainte. « Cela ne te fait rien ? » Son cœur s’aigrit et devient chagrin. Elle pense ne plus être reconnue dans son service. Peut-être pressent-elle qu’elle passe à côté de ce qui est important.
Marie s’est assise à la table de la Parole. Elle savoure ce
festin-là qui lui est offert. En cet instant, c’est l’invité qui est déjà nourriture.
Les nourritures terrestres seront vite digérées. La Parole qui se fait présence,
elle, va continuer à faire son chemin. Elle est nourriture pour un long voyage
dans ce Royaume de l’hôte divin, invité. Notons qu’en tant que femme, Marie n’a
pas le droit de se mettre dans la posture du disciple qui écoute le maître. Non
seulement Jésus ne lui en fait pas le reproche, mais il considère qu’elle a
choisi la meilleure part et qu’elle ne lui sera pas enlevée. Jésus est libre.
Son hospitalité n’est pas contrainte par des conventions. Les femmes comme les
hommes peuvent être pleinement disciples.
Seigneur, un temps de vacances, un temps pour me dégager de l’agitation peut-être, un temps pour écouter, venir me nourrir. Merci. Vais-je savoir en profiter ?
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