mardi 8 février 2022

Père Eric de Nattes : homélie du 5e dimanche du temps ordinaire - année C - 5 février 2022 - messe des familles


Appel - Sentiment de la présence de Dieu

1°) Le sentiment de la présence de Dieu

Ça peut paraître étrange. Mais parce que je suis prêtre (on sait je ne répèterai pas ce qu’on me dit et que je ne me moquerai pas) beaucoup de personnes m’ont témoigné avoir vécu un moment, dans leur vie, où elles ont eu le sentiment puissant de la présence de Dieu à leur côté. Et si elles me le disaient, ce n’était pas pour se vanter mais pour partager un bonheur qu’elles ne pouvaient pas communiquer par peur d’être moquées ou mal comprises. Et cette expérience pouvait être très différente : parfois, face à une peur, l’impression tout à coup d’être comme poussé par une force pour aller de l’avant, avancer au large, là où l’on a peur de retourner ou d’aller. Parfois, suite à une immense peine, une impression incroyable de consolation, d’un amour qui vous enveloppe. Parfois un rêve pas comme les autres (ceux que la Bible appelle : un songe), dont on se réveille en paix, en pouvant continuer la route sereinement.

Comme toujours, ce n’est jamais une preuve. Juste un signe que l’un reconnaîtra et pas l’autre. Rappelez-vous : 10 lépreux sont guéris, un seul revient pour louer Dieu. Car aujourd’hui, avec Pierre et sa pêche miraculeuse, on pourrait dire : ‘’quelle merveilleuse coïncidence’’ ! Pierre, lui, voit un lien entre la parole de Jésus et la pêche inimaginable qu’il vient de faire. Qu’est-ce que le sentiment puissant de cette présence si douce (Élie = dans la brise légère), change dans la vie ?

2°) Une présence qui est alors un appel pour vivre :

- Un pécheur purifié, pardonné ! Que ce soit pour Isaïe (Malheur à moi, je suis un homme aux lèvres impures), pour Paul (Moi qui suis un ‘’avorton’’ = un homme chétif, mal fait, parfois monstrueux), et Pierre (éloigne-toi, je suis un homme pécheur), les trois, au moment de cette présence, réalisent l’abîme entre Dieu et eux. Ils ont peur d’une telle rencontre. Ils n’en sont pas dignes. Et pour les trois, le message est celui du pardon, de la purification, pour chasser la peur. L’homme se connaît tel qu’il est : si faible, si peureux, pécheur, et pourtant, à ce point aimé qu’il découvre en lui la force d’aller de l’avant, car cet amour renouvelle tout ce qu’il est.

- Qui je suis et qui est Dieu s’en trouvent vraiment renouvelés. Comme dans une vraie rencontre, les identités changent, s’enrichissent : Simon devient Pierre, et Jésus, qui encore un Maître, un rabbi, aux yeux de Simon, devient alors ‘’Seigneur’’. Une rencontre nous change. Sinon c’est simplement une ‘’connaissance’’ comme on dit très justement, ça reste un peu extérieur à nous. La rencontre, c’est ce qui nous pénètre, et nous fait nous connaître, et nous renouvelle.

- La force de la parole dans chacune des rencontres : elle qui purifie, elle qui nous fait engager encore nos actions alors que c’était l’échec, elle qui nous fait apôtre, nous les avortons. Elle qui nous fait avancer au loin.

- Rencontre, vie renouvelée = appel à une nouveauté. Cela ne veut pas forcément dire que l’on va partir dans un nouveau métier, une nouvelle mission. Cela peut déjà vouloir dire que tout ce qui est vécu est renouvelé. Un peu comme quelqu’un qui tombe amoureux voit désormais la vie, ses relations, son activité d’une manière nouvelle, à travers le filtre amoureux de son regard. Pour certains, ce sera un changement complet de vie. Un appel à une nouveauté radicale. Pour d’autres, un engagement désormais dans une action nouvelle. Pour d’autres, ce changement intérieur qu’on ne voit pas de l’extérieur mais qui a tout renouvelé de l’intérieur.

Seigneur, sur ta parole, une fois encore, je vais lancer mes filets.



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