Je vous propose ma méditation du rapport entre Jésus et le Temple en partant de la fin : le rideau se déchire, puisque désormais toute chair sera investie de la présence de l’Esprit de Dieu, de l’Esprit Saint. Le temple, désormais, c’est MOI : mon corps, et toute ma personnalité, ce corps qui permet à la vie qui est en moi de prendre forme, de grandir, de s’individualiser, de faire l’expérience de l’existence : alors je peux relire la présence de Jésus au sein de ce Temple-là.
Jésus est présenté au Temple. L’image du vieillard tenant l’enfant dans ses bras ne nous parle-t-elle pas ? Contemplons-là. Les deux extrémités de la vie, dans leur fragilité respective, qui s’embrassent et se reconnaissent. Un vieillard qui ne finit pas méchant et aigri, mais qui prend, plein de reconnaissance et d’émotion, la vie naissante qui a besoin d’être protégée pour croître.
Et moi, comment est-ce que je prends soin de la vie,
fragile, quel que soit mon âge qui est en moi ? Car demeure en chacun de nous l’enfant
qui aspire à la vie. Comment est-ce que je le porte avec émotion,
reconnaissance. C’est en reconnaissant en moi cette vie qui demande attention
que je pourrai sans doute au mieux être attentif à celle de mon prochain. A la
reconnaître. J’aimerai tellement pouvoir saisir dans ces gestes du quotidien la
prophétie de la présence de mon Dieu. (la mère avec l’enfant, les enfants qui
jouent, les fiancés qui s’enlacent, le conjoint âgé qui prend l’autre par la
main, les soignants, mon voisin de banc qui m’a souri et salué en s’installant
etc..) Avons-nous conscience de la beauté de Dieu qui peut se laisser voir dans
ces gestes si quotidiens ?
Jésus Adolescent s’arrête dans le Temple. Le voilà qui dialogue avec les Docteurs et les Scribes. Il prend ses distances avec Marie et Joseph. Il devient l’homme qu’il sera, il prend conscience de qui il est, de sa filiation. Il questionne, il écoute ; lui-même donne son avis. Quelle est l’autorité qui fait grandir sa vie (parents, docteurs, son Père ?) Il a besoin d’écart, de ne plus être simplement le membre d’une famille, mais de devenir lui-même, une personne.
Comment est-ce que j’accepte le dialogue avec Lui en moi ?
Ses questions ? Comment est-ce que j’accepte qu’il grandisse et s’affermisse en
moi. Qu’il m’aide moi-même à être qui je suis en devenant mon compagnon de
route.
Jésus chasse les vendeurs du Temple. Colère devant tout ce qui a pénétré ici et qui profane l’espace sacré d’une présence magnifique. Tout ce qui a détourné la vie vers de la transaction, du commerce, du profit. La vie qui était censée être servie, restaurée, honorée, fêtée, célébrée, dans cet espace, cette Vie n’est plus qu’un prétexte. Où est le don, l’accueil, la gratuité, le partage, la reconnaissance lorsqu’il n’est plus question que d’échange, de marchandisation, de gains, d’échanges.
Seigneur, ce n’est que par amour d’une présence que je désire
vraiment que je peux chasser ce qui encombre, voire souille le temple que je
suis. Donne-moi l’amour de Toi.
Jésus prophétise la destruction et la reconstruction du Temple en trois jours.
Je sais que ce temple passe. Il vieillit, il finira. Il ne
portera plus ma vie. Jésus me demande d’entrer dans la confiance : « détruisez-le,
en trois jours je le rebâtirai » ! Ne cherche pas comment ce sera.
Fais confiance. Ta vie est autre chose que de la chair. Elle est présence, expérience
unique de tout ce que tu as vécu.
Accepte de renaître en Dieu. Et ne fais pas partie de ceux
qui se sont moqués déjà à l’époque et qui se moquent encore. La vie est un mystère
plus grand que tes doutes ou certitudes.
L’offrande extérieure (la religion) ou l’offrande intérieur (la vie spirituelle) (« un couple de tourterelles ou deux petites colombes » ou comme le dit l’épitre aux Hébreux : « Tu m’as fait un corps alors j’ai : voici, je viens.)
La seule offrande désormais : moi-même. La vie est offrande (semence, croissance, don et renaissance = fécondité). N’est-ce pas là l’essence même de la vie consacrée. Que nous fêtons aussi aujourd’hui.
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