8 décembre 2021 Immaculée Conception
Une Église synodale ? On s’interroge. Marie, figure de l’Église. Comment cheminer avec elle ? Qu’indique-t-elle ? Faire route avec elle…
- ‘’L’Esprit Saint viendra et te couvrira de son ombre.’’ Marie vit sous l’ombre de la
puissance de l’Esprit. Vivre à l’ombre de l’Esprit, ce n’est pas chanter, vite
fait, un refrain à l’Esprit-Saint et passer ensuite aux choses sérieuses : l’ordre
du jour de la réforme de la vie de l’Église. Faire silence et écouter, s’écouter
les uns les autres pour que le Verbe, qui est bien plus profond que tous nos
mots déjà préparés, puisse prendre chair. Une Église synodale se place au
souffle de l’Esprit dont on ne sait ni d’où il vient ni où il va. ‘’On ne sait…’’ ce qui signifie que si l’on a déjà des modèles dans les
cartons, des projets pour que ça marche, une organisation à défendre, alors ce
sera un relooking, une opération cosmétique. Se laisser déconcerter et mener
par l’Esprit. Ne plus savoir, et l’accepter. Une Église synodale, à l’image de
Marie, est spirituelle, d’abord et avant toute chose. C’est déjà cela, qu’elle
peut donner au monde. Alors elle pourra devenir, à Nazareth, la maison du
discernement et pas la citadelle de la doctrine.
- ‘’Marie gardait tous ces événements dans son cœur et les méditait’’. Une Église synodale, mariale, médite
en profondeur les événements qui surgissent (ce sont nos maîtres disait E.
Mounier) sans se lamenter, mais pour y décrypter l’œuvre de Dieu, ses appels,
au cœur des chemins sinueux, complexes. Elle ne passe pas son temps à condamner
un monde qui ne fonctionne pas comme elle le voudrait ou qu’elle ne comprend
plus. Elle sait que l’Esprit le travaille, alors elle médite.
- ‘’Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur
vienne jusqu’à moi ?’’ Une
Église synodale mariale se réjouit de la fécondité des autres, même et surtout
là où tout semblait stérile. Elle ne désespère pas. Elle ne vient pas étaler sa
joie à elle et sa fécondité à elle. Elle s’empresse auprès de ce qui naît. Elle
ne cherche pas à prendre le contrôle de la vie des autres et de la société.
Elle ne le fait pas parce qu’elle n’a pas peur et qu’elle sait que Dieu la précède
partout et qu’il est à l’œuvre au cœur de ce monde.
- ‘’L’enfant redescendit avec Marie et Joseph à Nazareth, il
grandissait en sagesse, en taille et en grâce.’’ 3 années, peut-être, au grand maximum, de vie publique et
30 années dont on ne sait rien, sinon que la croissance s’est faite là, à Nazareth.
L’Église synodale, mariale, fait route dans le quotidien de la vie des hommes.
Elle n’a pas l’inquiétude des stars qui doivent exister sous les feux de la
rampe médiatique. Elle sait que ce qui grandit est fragile et nécessite de l’attention,
dans le silence. À Nazareth on aime entrer dans sa maison même si on ne va pas à
la synagogue et pas encore dans l’église. C’est là que l’Église synodale
mariale a appris à écouter les gens, leurs chemins de vie, leurs chutes et
leurs renaissances, de quoi ils ont vraiment besoin. Elle n’a pas de produits
tout prêts en boutique.
- ‘’Faites tout ce qu’il vous dira.’’ L’Église synodale mariale fait route
avec ce fils déconcertant, lui qui ne suit pas sa famille à l’âge de 12 ans déjà,
pour demeurer chez son Père. Lui qui dira avoir pour famille tout personne qui écoute
la Parole de Dieu et qui la met en pratique. Lui qui fera bon accueil à des
publicains, des prostituées et des pécheurs : étrange album de famille de
cabossés de l’existence mais dont le cœur a recommencé à battre auprès de ce
Fils sur lequel l’Église ne peut jamais mettre la main car c’est lui qui la
conduit. Il est la joie du Père.
- ‘’Tu auras le cœur transpercé par un glaive.’’ Oui, l’Église synodale, mariale, dont
on lui a pourtant dit qu’elle était ‘comblée de grâce’ n’échappe pas à la
violence abjecte de l’histoire. Son Dieu n’est pas un paratonnerre commode pour
les uns, insensible au malheur des autres. Sur sa route se dressent aussi les
croix devant lesquelles nous ne comprenons plus rien et hurlons notre douleur.
- ‘’Les disciples se réunissaient dans la chambre haute, ils étaient
assidus à la prière avec quelques femmes et Marie, la mère de Jésus et ses frères.’’ Sur cette poignée de disciples, après
le désastre du Golgotha, comme l’Esprit avait couvert Marie de son ombre, c’est
désormais sur les disciples qu’il va se répandre. Pentecôte ! Vent de toutes
les audaces.
Marie, comblée de grâce, alors que notre ville se revêt de lumière pour te dire notre gratitude, et que nous te prenons chez nous comme ton fils l’a demandé à Jean, nous te prions, les disciples de ton fils, dans la chambre haute. Qu’une nouvelle Pentecôte allume le feu dans l’Église !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire