La vie avant la mort – Edito RCF – 27 mars 2021
Présentée par Sr. Véronique Margron
Dimanche des Rameaux. Entrée dans cette semaine qui ne fait série avec
aucune autre.
Semaine de fondation, de socle, de sol.
Je relis cette parole de Sylvie Germain dans « Quatre actes de présence » : « Existe-t-il une vie avant la mort ? » s'interroge-t-elle.
Au seuil de la semaine sainte 2021, si particulière après un an de pandémie, cette parole prend singulièrement chair.
Là est sûrement le bon ordre de la question, plus que celle de la vie après la mort, peut-être. Mais bien la vie avant la mort. Quels sont nos empêchements de vie, notre carence de vie ?
Entendre cette question en cette semaine où le Vivant va vivre. Vivre en aimant à la folie.
En ces jours, Jésus détourne un rite d’accueil, comme se laver les mains avant le repas, pour s’agenouiller aux pieds de ses amis. Et, là, proclamer cette parole incroyable : « Si donc moi qui suis le Maître, je vous lave les pieds…, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres ».
Il se dépouille de tous les ornements de gloire (le vêtement qu’il portait lors de son entrée à Jérusalem sur l’ânon) ; plus encore, il se dénude pour incarner l’homme de tous les commencements, l’homme renouvelé, l’homme vivant pour d’autres. Pour nous mettre debout.
Au vendredi c’est ce Très vivant qui sera crucifié. Car pour supprimer le vivant, il faut le clouer, aux pieds comme aux mains. L’empêcher de marcher, de se faire compagnon de tous, d’aller au-devant de ceux qui ne peuvent s’approcher, d’endurer la poussière, celle-là même dont nous sommes faits, autant que du souffle divin. Lier les mains, celles qui relèvent, qui partagent, qui touchent, qui travaillent, qui offrent.
Mais les clous ne pourront retenir le Vivant et tout va s’accomplir, car « Voici l’Homme ».
Au samedi cet Homme-là descend justement dans nos lieux sans vie. Dans ce qui est enseveli en nous, dans nos cloaques, dans les enfers du monde ; ils sont nombreux. Dans les entrailles des humanités fracassées des victimes d’abus, d’agressions, de mensonge, de trop d’isolement, de souffrance.
Dans ce grand silence sur la terre, des profondeurs du mal, Jésus sort vivant pour nous tirer avec lui.
Vers l’avenir.
Autrement que prévue.
Voilà ce qu’est cette semaine comme nos vies et le temps que nous
vivons.
Autrement que prévue par celles et ceux qui accompagnaient et aimaient Jésus, comme par ceux qui voulurent et organisèrent sa mort.
Peut-être est-ce parce qu’elle est autrement que prévue que cette semaine se propose de nous embarquer avec elle, tel que nous sommes. Avec nos doutes et nos lassitudes. Nos chagrins et nos frêles espoirs.
Le Christ en ces temps nous ouvre ses bras, dans son endurance sans faille à aimer autant que sa vulnérabilité extrême.
Confions-nous alors à l’Ami, le Vivant. Afin qu’il prenne en son don
nos empêchements de vivre et nous rende, maintenant, vivants avec lui.
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