SIXIÈME JOUR : LE CONFINEMENT PHILOSOPHIQUE.
Le confinement libère des angoisses, des peurs : on craint pour
sa santé, celle des proches, on s’interroge sur le sens de sa vie, on redoute
de ne plus pouvoir assurer sa subsistance, on dresse un bilan de ses forces et
de ses fragilités. C’est pénible, mais c’est peut-être aussi utile.
Profitons-en pour transformer cette épreuve en expérience philosophique.
Mon penseur préféré, Blaise Pascal, disait que « “tout le
malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer
en repos dans une chambre”. Sortir nous occupe et nous enrichit, car la rencontre
du monde, de la nature, des gens nous fournit une nourriture fondamentale.
Cependant cela nous détourne aussi d’autres aventures, plus intérieures, cela
nous empêche peut-être de cerner nos gouffres, puis de trouver un pont pour les
surmonter.
Profitons de cette obligation pour nous passer au crible.
Quelle valeur importe ? Laquelle n’importe pas ? En quoi consiste mon
intervention sur terre ? Que puis-je apporter à autrui ? Que puis-je en
attendre ? Utilisons cet épisode à distinguer l’essentiel de l’accidentel.
Il y a quelque chose à gagner dans ce confinement forcé si
l’on ose s’affronter à soi-même. Cela peut passer par de la colère, de la
douleur, de la sidération, de l’effroi, mais l’on se porte toujours mieux de
voir plus clair.
Moi qui n’aime rien tant que la lumière, dans l’obscurité de
ma chambre, je fais des exercices de clarté.
Eric-Emmanuel SCHMITT
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