Le Bon Pasteur : Mes Brebis écoutent ma voix
1°) « Le Père et moi nous sommes UN »
Dès le Prologue de son évangile, St Jean dit : ‘’Dieu, nul
ne l’a jamais vu !’’ Une vérité dont bien des croyants devraient se
souvenir dès lors qu’ils parlent de ‘’Dieu’’, ou, plus étonnant encore, le font
parler ! « En Jésus-Christ, rajoute Saint Jean, nous avons pu contempler
sa gloire. » C’est donc désormais les yeux fixés sur Jésus, les oreilles
attentives à sa Parole, que St Jean peut parler de Dieu. Et il en est de même
pour nous, disciples de Jésus. Tout propos sur Dieu qui ne se greffe pas sur
les paroles et l’agir de Jésus, sa façon de vivre, est inutile, voire
dangereux. Car alors, ce sont souvent notre idéologie, nos peurs, qui se
mettent à parler, et c’est bien triste parfois.
Ainsi, vient le deuxième verset que je laisse résonner et qui est alors très logique !
2°) « Mes Brebis écoutent ma voix »
Écouter c’est se laisser habiter, transformer. Nous savons
qu’écoute et obéissance sont très proches dans le langage biblique. Et nous
avons tous fait l’expérience de celui ou celle qui nous écoute, vraiment, qui
se laisse interpeller, voire étonner, bousculer par nos paroles et celui qui n’écoute
pas, qui sait d’avance ce qu’il a à nous dire. Écouter l’évangile, car l’évangile
est une Parole, la Parole de la vie qui est adressée à l’homme, c’est vraiment
entrer en soi et se laisser peu à peu transformer par cette parole. L’écoute
est donc profondeur, action, mais action intérieure. La plus décisive peut-être,
celle qui nous change !
On voit combien, dans ce dialogue très âpre, dans l’évangile selon St Jean, entre des juifs et Jésus, ils n’écoutent pas. Ou plutôt, ils écoutent dans des cadres déjà établis, dans une matrice de compréhension qui les empêche d’entendre l’inouï de ce qui leur est dit, et de s’en trouver renouvelés. « Mais vous ne croyez pas car vous n’êtes pas de mes brebis. » ‘’Vous êtes déjà sur la défensive quand je vous parle, votre être se ferme à toute nouveauté. Vous savez d’avance !’’
3°) « je leur donne la vie éternelle » « jamais
elles ne périront »
Étrange, car St Jean est mieux placé que quiconque pour
savoir que les brebis périssent, notamment au milieu de la persécution qu’elles
sont en train d’affronter.
Ce thème de la vie est central dans l’évangile selon St Jean. Nous sommes tous en vie. Judas l’était, Pierre l’était. Mais être un vivant est autre chose. Judas ne l’est pas devenu, Pierre, si ! Ce qui ne veut nullement dire que l’un et l’autre ne sont pas morts biologiquement. Être un vivant, si je puis dire en reprenant les mots de la Genèse, c’est se laisser insuffler ce souffle de vie qui vient de Dieu. C’est en vivre, et s’ajuster à ce souffle-là. En ce sens, Jean a pu dire dès le Prologue en parlant de Jésus : « en lui était la Vie. » Ce qui ne veut nullement dire qu’il n’est pas mort biologiquement et que sa vie éternelle n’a commencé qu’après sa mort. Durant sa présence parmi nous, selon la chair, il était pleinement vivant ! Ce qu’il disait, ce qu’il faisait, portait la vie et la transmettait. Ainsi, écouter la voix du Berger, se laisser pétrir par elle, changer peu à peu à son contact, c’est déjà accueillir la vie éternelle. Accueillir la vie que nul ne peut tuer - ni Judas, ni Pilate, ni Caïphe - la vie qu’on ne peut faire disparaître, car elle renaîtra toujours. Elle est la vie qui ne meurt pas. Celle qui est en Dieu. Cette vie-là étant déjà dans le Père, nul ne peut l’arracher à sa main. Ce que Jésus dira à Pilate dans l’évangile selon St Jean : « tu n’as sur moi aucun pouvoir… Ma vie, nul ne la prend… »
Seigneur, tu me rappelles que vivre selon ton Évangile, c’est
déjà la vie éternelle, ou, pour le dire autrement, c’est déjà la vie en plénitude,
la vie vivante. T’écouterai-je ? Aujourd’hui et demain ? Mais t’écouterai-je
‘Toi’, Ton Évangile ? Pas l’idée que les autres s’en font. Ce que moi j’en
entends. Et partagerai-je cette écoute avec des frères et des sœurs qui désirent
comme moi être des écoutants !
Amen
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