vendredi 14 mai 2021

Chantal Defélix vous invite à vous abonner à la minute liturgique

Intéressant pour tous !

Podcast La minute liturgique : tous les dimanches, un nouveau mot de la messe

 

A l’occasion de l’entrée en vigueur pour l’Avent 2021 de la nouvelle traduction du Missel romain, l’Association Episcopale Liturgique pour les pays Francophones a demandé à plusieurs lecteurs venus de toute la francophonie de prêter leur voix à 52 textes, 52 « mots de la messe ».

Ces petits billets, chacun d’une minute, sont tirés de la plume du P. Olivier Windels, vicaire épiscopal et responsable des services de la Catéchèse, du Catéchuménat et de la Liturgie pour le diocèse de Liège (Belgique). Ils abordent sous un mode catéchétique les mots et expressions que nous entendons tous à la messe, mais dont nous avons parfois perdu le sens.

L’ensemble forme comme une sorte d’impressionnisme liturgique, quand par petites touches, le mystère s’ouvre et se déploie dans sa richesse inépuisable. Le langage se veut simple, mais sans écorner la profondeur de la merveille eucharistique. Quelques passages en sont dès lors plus denses mais cette densité même est celle du trésor dont ils entendent rendre compte. La gageure était de faire tout cela en une minute !

Ces textes, sont à écouter via ce lien, méditer, mais aussi à lire : l’ensemble est réuni aux éditions Fidélité sous le même titre : La minute liturgique (sortie juin 2021).

article de l'Église catholique de France

dimanche 9 mai 2021

Groupe de réflexion "renouveler nos liturgies ? Pourquoi ? Comment ?" : la messe autrement

 Voici un article extrait de La Croix International, traduit par JP Fayol, qui pourrait vous intéresser par rapport à notre sujet "la messe autrement". N'hésitez pas à réagir, ces pages sont là pour débattre !

Histoires de nourriture

Imaginer une Eucharistie plus réelle, plus enracinée, plus humaine et plus riche de vie


Thomas O'Loughlin 

Royaume-Uni


Le succès des moines qui vendent du fromage en ligne ne devrait pas nous surprendre.

Neuf cents ans d'histoire, l'image de ces hommes éloignés du monde que sont les moines travaillant de leurs mains, l'espoir d'une saveur unique plutôt que celle d'un produit de masse, font du fromage de Cîteaux un produit gagnant.

Nous voulons que notre nourriture ait une histoire.

La production de masse de l'industrie alimentaire nous a donné la nourriture la moins chère de l'histoire (si on mesure uniquement en termes économiques). Elle a peut-être fait de ceux d'entre nous qui vivent dans le monde industrialisé les personnes les mieux nourries et les plus obèses que la planète ait jamais connues.

Mais nous n'aimons pas y penser. Nos cœurs et nos esprits sont ailleurs.

Nous savons que la plupart des aliments que nous consommons (dont une grande partie est presque prête à être consommée) ont été transformés plutôt que cuits. Nous mangeons de "ceci" et de "cela" tout prêt, venant des mêmes marques internationales, mais nous aspirons à quelque chose de mieux.

Un restaurant de hamburgers est très pratique : après tout c'est de la nourriture de commodité. Mais ce n'est ni romantique, ni agréable et ni spécial. Il est ce qu'il est. Il faut le respecter pour son honnêteté. Mais nous voulons quelque chose de mieux.


L'artisan

L'image la plus populaire en matière de marketing alimentaire est celle de l'artisan - une personne de grande expérience qui prépare un aliment à petite échelle et est en contact direct avec le produit, des aliments préparés avec soin par des personnes compétentes qui utilisent leur art, leurs connaissances et leurs mains.

En consommant des aliments artisanaux, je deviens un collaborateur de ces personnes bien réelles. J'absorbe non seulement la nourriture-énergie mais aussi la nourriture-esprit car cette nourriture est humaine.

C'est pourquoi le succès du fromage de Cîteaux est garanti. Ceux qui l'achètent n'obtiennent pas seulement un excellent fromage crémeux, mais partagent l'histoire de l'homme qui l'a fabriqué, une histoire vieille de plusieurs siècles.

Beaucoup d'acheteurs n’ont pas goûté ce fromage -tout comme moi- et ils ne savent pas que Cîteaux a été fondée en 1098 et qu'elle fut le foyer d'un grand mouvement de réforme parmi les Eglises occidentales.

Ce qu'ils imaginent, c'est qu'il est plus réel, plus enraciné, plus humain et plus chargé d'histoire qu'un fromage à tartiner emballé dans du plastique, que la publicité nous vante et que l'on peut acheter dans toutes les grandes surfaces du Vatican à Vladivostok.

Ainsi la bière des moines de l'abbaye du Mont-Saint-Bernard en Angleterre et d'une douzaine de monastères en Belgique, les saucisses fumées de certains monastères allemands et les liqueurs des couvents italiens se vendent à coup sûr.


Une production de masse sans histoire

Considérons maintenant la nourriture de nos célébrations eucharistiques. Ces rondelles sans saveur empilées dans un ciboire pour une livraison rapide, sont à l'opposé du pain artisanal provenant d'une boulangerie locale et sentant bon la fraîcheur. Le pain d'autel a eu la distinction douteuse d'être le premier aliment produit en masse au monde.

Pourtant, les rondelles ont une histoire, une histoire théologique. Mais c'est une histoire qui ne parle plus à nos sens.

Cette nourriture a une histoire - une grande histoire qui remonte à Emmaüs, à la dernière Cène, aux repas de Jésus et aux repas eucharistiques des communautés juives des centaines d'années avant Jésus. Mais nous ne la trouvons pas dans les hosties.

Nous disons que nos rassemblements eucharistiques sont le centre et le sommet, et nous l'appelons la fête des fêtes. Mais ce n'est qu'une question d’intellect : les mains, les cœurs et les sens sont absents.

Nous prétendons croire que Dieu agit par ce sacrement. Mais le pain, cet objet fondamental de nos sens et de la subsistance de nos corps, n'a pas sa place dans cet événement. Les mots sont là mais l’expérience est ailleurs.

Et nous nous demandons pourquoi tant de gens trouvent la liturgie eucharistique peu gratifiante !


Travail local, histoire réelle

Que dire de cette situation ? Imaginez qu'à notre eucharistie, la personne qui présente le pain - lors de la présentation des dons - soit la personne qui l'a préparé.

Ce serait alors le pain de Jill, de Bill, de Cathy ou de Mike. Il sera accompagné de son savoir-faire et de son histoire, et deviendra notre pain.

La préparation du pain, le travail d'un artisan, ferait partie de l'histoire de cette communauté, de cette Église, de ce Corps du Christ.

Il en va de même pour le vin. 

Au lieu du liquide fade et sucré ressemblant à du sherry que la plupart des gens n'associent pas au vin, une famille pourrait acheter une bouteille (de vin) et l’offrir à toute la communauté.

Ce sont des petits pas, mais ce sont les premiers vers la création d'une liturgie authentique enracinée dans notre histoire. Cela pourrait nous aider à créer une liturgie qui soit l'expression authentique de la communauté.

Lorsque la liturgie ne parvient plus à louer Dieu à partir de l'histoire des membres de la communauté, elle nie sa nature même de célébration émergeant de la vie de tous ses célébrants.


Thomas O'Loughlin est prêtre du diocèse catholique d'Arundel et Brighton et professeur de théologie historique à l'université de Nottingham (Royaume-Uni). Son dernier livre est « Manger ensemble et devenir un, recevoir l’appel de François aux théologiens » (“Eating Together, Becoming One : Taking Up the Pope Francis's Call to Theologians “, Liturgical Press, 2019).


Pour en savoir plus : https://international.la-croix.com/news/culture/food-stories/14165





Food Stories

Imagining a more real, more earthed, more human and more story-filled Eucharist.


By Thomas O'Loughlin 

United Kingdom


The success of the monks selling cheese on-line should not surprise us.

Cîteaux with its nine-hundred-year history, its image of those most un-modern of being, monks, working with the hands, and the expectation of a unique, rather than mass-produced, flavour make it a winner.

We want our food to have a story!

The mass-production of the food industry may have given us the cheapest food in history (if measured solely in economic terms). And it may have made those of us living in the industrialised first world the best fed – and most obese – people the planet has ever known.

But we do not like to think about that. Our hearts and imaginations lie elsewhere.

We know that most of the food we eat – much of it nearly ready for consumption – has been processed rather than cooked. We eat the same international brands of ready-made "this", and instant "that", but we long for something more.

A hamburger restaurant is very handy. It's convenience food, after all. But it is not in the least romantic, charming or special.

It is what it is. It should be respected for its honesty, but we still want something more.


The artisan

The most popular idea in food marketing is that of the artisanal – food prepared by an artisan on a small scale who is in touch with the nature of the produce; someone long experience. This is food prepared with the care that comes from a skilled people using their art, skills and hands.

In having artisanal food, I become a collaborator with such real, earthy people. I absorb not only the nutrition, food as fuel, but the spirit of the production: food as a human basic.

This is why the cheese from Cîteaux was guaranteed to be a success. Those who purchased it were not just getting an excellent creamy cheese, but were sharing in the story of the man who made it – and a history stretching back centuries.

Many of the purchasers had never tasted it before – just as I have never tasted it, nor did they know that Cîteaux was founded in 1098 and it is the home of a great reform movement among the western Churches.

What they knew was that it was somehow more real, more earthed, more human and more story-filled than some plastic-wrapped, much-hyped cheese-spread that could be bought in every superstore from the Vatican to Vladivostok.

So beer from the monks of Mount St Bernard's Abbey in England and from a dozen monasteries in Belgium, smoked sausages from some of the German monasteries, and liqueurs from Italian convents are all sure to sell.


Mass-production without a story

Now consider the food of our Eucharistic celebrations. Plastic roundels without flavor and with a story. The altar bread had the dubious distinction for being the world first mass-produced food stuff.

The hundreds of wafers, stacked up in a ciborium for fast delivery, are the polar opposite of the artisanal loaf from a local bakery smelling of freshness.

Yet the roundels do have a story – a theological story. But it's one that does not speak to the senses.

The food has a story – a great story reaching back to Emmaus and the Last Supper and the meals of Jesus and the Eucharistic meals of Jewish communities for hundreds of years before Jesus. But we do not capture it in these wafers.

We say that our Eucharistic gatherings are the center and summit, and we call it the feast of feasts. Butthis is justhead stuff. The hands and heart and senses are all in abeyance.

We claim that we believe God works through created means within a sacramental universe. But that basic object of our senses and the sustenance of our bodies, a loaf of bread, has no place in this event. The words are in one sphere, the experience in another.

And we wonder why so many find liturgy unrewarding!


Local work, real story

But how about this situation. Imagine if at our Eucharist the person who presented the gift of the loaf – at the Presentation of the Gifts – was the person who had baked it.

It would now be Jill's loaf or Bill's loaf or Cathy's loaf or Mike's loaf. It would come with their skill and their story – and become our loaf.

The preparation of the loaf, the work of an artisan, would be part of the story of this community, this Church, this Body of Christ.

Likewise with the wine. 

Instead of the blandly sweet sherry-like liquid that most people do not link with the word "wine", we might have a family who had bought a bottle of wine that they were giving for the whole community this Sunday.

These are small steps, but they might be first steps in creating an authentic liturgy with a real human story that is our story. It might help us toward a liturgy that is authentic expression of the community.

When the liturgy fails to praise God from the story of those who belong to the worshipping community it denies its very nature as a celebration emerging from the lives of all its celebrants.

Thomas O'Loughlin is a priest of the Catholic Diocese of Arundel and Brighton and professor of historical theology at the University of Nottingham (UK). His latest book is Eating Together, Becoming One: Taking Up Pope Francis's Call to Theologians (Liturgical Press, 2019)


Read more at: https://international.la-croix.com/news/culture/food-stories/14165

Groupe de réflexion "renouveler nos liturgies ? Pourquoi ? Comment ?" : un premier document pour appeler au partage de réflexions

Un premier document pouvant appeler au partage de nos réflexions : 

lien à cliquer pour visionner 3 vidéos intitulées les petites conférences du Triduum, sur le site du Centre spirituel de Hautmont :

- Jeudi Saint, petite conférence de la grande semaine donnée par  Raphaël Buyse


- Vendredi Saint, petite conférence de la grande semaine donnée par  Raphaël Buyse



- Samedi Saint, petite conférence de la grande semaine donnée par  Raphaël Buyse

Groupe de réflexion "renouveler nos liturgies ? Pourquoi ? Comment ?" : présentation du groupe et lancement de l'espace de dialogue

  Lors de notre première réunion du 1er mai 2021, nous nous sommes répartis en 4 groupes de travail, dont les réflexions, axes de travail, sont les suivantes :

  • La messe est le temps où l’on fait mémoire du Jeudi Saint : nous avons besoin d’un moment fort spirituellement pour retrouver notre vocation de SERVICE, le goût du REPAS PARTAGÉ (festin) qui nous renvoient à la vie de tous les jours

  • Pourrait-on donner plus de place à la parole, aux échanges, à des témoignages qui nous rejoignent ?
  • Pourrait-on partager ce qui nous a touché dans les textes ?
  • Un rituel simplifié nous semblerait plus compréhensible : le temps "gagné" pourrait alors être donné à des temps d’intériorisation / de silence

Nous avons aussi décidé d'utiliser ce blog comme espace de dialogue pour poursuivre la réflexion. Vous y trouverez donc différents documents : nous attendons vos réactions. Bien évidemment, respect et bienveillance seront les maîtres mots de ces échanges ;-)

jeudi 6 mai 2021

La pastorale de la famille diocésaine : Année " Famille Amoris Laetitia " Un parcours pour Cheminer ensemble ! (parties 1 et 2/10)

 Le pape François en dialogue avec les familles

 À travers un parcours de 10 vidéos, à partir des chapitres de l’Exhortation Apostolique Amoris Laetitia, le Saint-Père, avec l’aide de quelques familles, nous invite à cheminer ensemble pour redécouvrir la famille comme un don, malgré tous les problèmes, les obstacles et les défis qu’elle doit aujourd’hui affronter.

 Chaque vidéo est accompagnée d’un livret, qui se prête à une utilisation souple tant par les familles que par les différentes réalités ecclésiales (diocèses, paroisses, communautés).

 La Famille à la lumière de la Parole de Dieu

 « Comment imaginons-nous l’amour de Dieu ? Existe-t-il dans le monde une réalité concrète qui nous aide à voir cet amour de nos propres yeux ? Bien sûr qu’elle existe ! C’est la famille !

L’image de Dieu qui se reflète dans l’homme et la femme, dans l’amour conjugal : une ‘sculpture’ vivante qui manifeste Dieu ».

 

J’espère que chacun, à travers la lecture [d'Amoris Laetitia], se sentira appelé à prendre soin avec amour de la vie des familles, car elles  "ne sont pas un problème, elles sont d’abord une opportunité" 
Pape François - Amoris Laetitia n° 7

Vidéo 1 :


Livret 1 : ici


«La Parole de Dieu ne se révèle pas comme une séquence de thèses abstraites, mais comme une compagne de voyage, y compris pour les familles qui sont en crise ou sont confrontées à la souffrance, et leur montre le but du chemin, lorsque Dieu «essuiera toute larme de leurs yeux : de mort, il n’y en aura plus; de pleur, de cri et de peine» 
Pape François - Amoris Laetitia n°22

 Vidéo 2 : 


Livret 2 : ici

 A bientôt pour les prochaines vidéos

lundi 3 mai 2021

Père Gilbert Brun et Pierre-Yves Péguy : « le spirituel lui-même charnel » de Péguy

MEDITATION LORS DE LA MESSE DU 2 MAI 2021

Mots Introductifs par père Gilbert Brun

Le dimanche 18 avril nous avions comme texte d’Évangile celui de St Luc (24, 35-48), texte dans lequel le Christ indique à ses apôtres « touchez moi, regardez : un esprit n’a pas de chair, ni d’os comme vous le constatez que j’en ai ». J’évoquais dans mon homélie « le spirituel lui-même charnel » de Péguy.

Nous avons souhaité prolonger ce mystère de l’incarnation en lisant quelques-uns des 1 911 quatrains, des 7 644 alexandrins écrits par Charles Péguy dans son poème Eve publié en 1913.

Dans cette tapisserie Péguy convoque Ève du texte de la Genèse non pas comme la séductrice ou la tentatrice mais comme la mère de l’humanité, la fiancée du Cantique des Cantiques, la Chair au sens de la Création et non comme antithèse de l’esprit. Ève est tout homme, toute âme qui répond à l’appel de Dieu. Jésus s’est fait homme, il est passé dans l’histoire et la Chair, la Création trouvera grâce devant Dieu par Lui comme nouvel Adam. Le Charnel relie alors l’éternel et le temporel et l’arbre de la connaissance du jardin d’Eden lie celui de la nature et de la grâce.


Lecture extraits des quatrains 838-872 pp.1274-1276 par Pierre-Yves Péguy

« Jésus parle.

(…)

Seigneur qui les avez formés de cette terre,

Ne soyez pas surpris qu’ils soient trouvés informes,

Et bossus et bancals et sournois et difformes,

Et mauvaise nature et mauvais caractère.

(…)

Seigneur qui les avez pétris de cette terre,

Ne vous étonnez pas qu’ils soient trouvés terreux,

Vous les avez pétris de vase et de poussière,

Ne vous étonnez pas qu’ils marchent poussiéreux.

(…)

Seigneur qui les avez pétris de cette humble matière,

Ne vous étonnez pas qu’ils soient faibles et creux.

Vous les avez pétris de cette humble misère.

Ne soyez pas surpris qu’ils soient des miséreux.

(…)

Car le surnaturel est lui-même charnel

Et l’arbre de la grâce est raciné profond

Et plonge dans le sol et cherche jusqu’au fond

Et l’arbre de la race est en lui-même éternel.

 

Et l’éternité même est dans le temporel

Et l’arbre de la grâce est raciné profond

Et plonge dans le sol et touche jusqu’au fond

Et le temps lui-même est un temps intemporel.

Et l’arbre de la grâce et de l’arbre de nature

Ont lié leurs deux troncs de nœuds si solennels,

Ils ont tant confondu leurs destins fraternels

Que c’est la même essence et la même stature.

 

Et c’est le même sang qui court dans les mêmes veines,

Et c’est la même sève et les mêmes vaisseaux,

Et c’est le même honneur qui court dans les mêmes peines,

Et c’est le même sort scellé des mêmes sceaux.

(…)

Toute âme qui se sauve ensauve aussi son corps,

Comme une sœur ainée emporte un nourrisson.

Et toute âme qui touche aux suprêmes rebords

Est comme un moissonneur au bord de la moisson.

 

Et l’arbre de la grâce et l’arbre de nature

Sont liés tous les deux de nœuds fraternels

Qu’ils sont tous les deux âme et tous les deux charnels

Et tous les deux carême et tous les deux mâture.

(…)

Et tous les deux crées et tous les deux créature,

Et tous les deux vaisseaux sur le même Océan,

Et tous les deux armés de la même armature,

Et tous les deux berceaux  sur le même néant.

(…)

Et l’un ne périra que l’autre aussi ne meure.

Et l’un ne survivra que l’autre aussi ne vive.

Et l’un ne restera que l’autre ne demeure.

Et l’un ne passera sur la suprême rive,

 

Que l’autre aussi ne fasse un semblable voyage.

Et l’un ne partira dans son dernier trousseau

Que l’autre aussi ne fasse un tel appareillage

Et ne s’embarque aussi sur un dernier vaisseau.

 

Source : Péguy, Charles (2014), Œuvres poétiques et dramatiques. Gallimard, Collection de la Pléiade. NRF. 1 828p.

1ere édition : Péguy, Charles (1913), Eve, Cahiers de la quinzaine. 4eme cahier de la quinzième série.